Marche des fiertésRecord d'affluence (et de policiers) à la Pride de Kiev

Par Julie Baret le 20/06/2017
Pride de Kiev

Dimanche 18 juin, à Kiev, 5.000 membres des forces de l'ordre ont formé une chaîne humaine autour des 2.500 manifestants déterminés à défiler pour les droits LGBT en Ukraine.

La scène a de quoi surprendre, et ce pour deux raisons. D'abord, car jamais autant de personnes ne se sont armées de drapeaux arc-en-ciel, de pancartes peaceful ou plus vindicatives et de paillettes pour battre le pavé ukrainien et défendre les droits LGBT. La seconde, c'est que pour chaque militant présent, deux policiers ou membres de la Garde Nationale munis de gilet pare-balles, la main sur l'épaule de leurs prédécesseurs, marchaient en renfort.
 
À Kiev, capitale de l'Ukraine qui organisait sa quatrième Marche de l'Égalité dimanche 18 juin derrière le slogan "Un pays pour tous", c'est une parade escortée au millimètre par 5.000 membres des forces de l'ordre (dont certains de la police montée) qui défilait au soleil, derrière les drags-queens excentriques meneuses de char. En 2013, pour la première édition de la Pride, seule une centaine de personnes s'étaient rassemblées; elles étaient un millier l'année dernière et plus de 2.500 personnes ce dimanche.

La Kyiv Pride : d'annulée à surprotégée

Alors que la menace de l'extrême droite avait contraint les autorités à annuler l'événement en 2014 et avait abouti à des débordements en 2015, cette année le service de sécurité déployé voulait garantir un déroulement pacifique et prévenir les risques d'altercation avec des militants ultranationalistes, lesquels avaient déjà fait brûler un drapeau arc-en-ciel quelques jours après le lancement de cette semaine des fiertés de Kiev, le 13 juin, et interrompu, le mois dernier, la restauration d'un monument soviétique en immense rainbow permanent censé accueillir les festivités de l'Eurovision (devenu icône de la Marche de l'Égalité de Kiev).


Dimanche 18 juin, lors de la Pride de Kiev, quelques activistes ont tenté d'interrompre la parade mais les forces de l'ordre les ont rapidement évacués, comme le montrent les images aériennes (ci-dessus, première vidéo). Sur Facebook, les organisateurs ont salué le bon déroulé des événements, même s'ils ont reçu trois témoignages rapportant des agressions ce jour-là, en dépit de cette protection policière hermétique.

Autre région, même menace

À Murcie, commune du sud de l'Espagne, la Marche des fiertés a été écourtée par la violente irruption d'activistes d'extrême droite.
Selon les témoins de la scène, des ultranationalistes qui se réunissaient le même jour sous la bannière du groupuscule "Lo Nuestro" pour distribuer de la nourriture "aux Espagnols seulement"  auraient jeté des barrières à terre et frappé des participants de la parade, entraînant un mouvement de panique chez les marcheurs et marcheuses LGBT.


"Il est préoccupant qu'en 2017, quarante ans après la première Marche des fiertés survenant après la dictature franquiste, on assiste au spectacle d'une Pride sabotée par des énergumènes d'extrême droite" s'indignait le journal Dos Manzanas.
 
Couverture : Pride de Kiev 2017 - crédit photo Serhii Simonov/Facebook.
 

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