2017 aura-t-elle été l’année Barbara ? Après Mathieu Amalric et son « faux biopic », c’est la Philharmonie de Paris qui rend hommage à la Dame en noir à travers une grande exposition.
Au programme : croquis, correspondances, textes manuscrits (comme celui, terriblement émouvant, de la chanson « Nantes »), des messages de répondeur et surtout, des clichés, rares ou iconiques, signés Robert Doisneau, Jean-Pierre Leloir ou Just Jaeckin de celle qui aimait pourtant répéter : « Ne me photographiez pas. Si vous voulez me prendre, il faut m’avoir vivante ! » Autant d’images qui figeront à jamais cette silhouette fine toute de noir vêtue, reconnaissable entre toutes.
Vingt ans après sa disparition, cette rétrospective dresse un portrait vivant de l’icône. De ses débuts au cabaret L’Écluse à ses concerts mythiques au Châtelet. De ses reprises de Brel et Brassens à ses dernières chansons. De ses incursions au théâtre (dans la pièce Madame en 1970) à ses apparitions au cinéma en passant par sa comédie-musicale avec Gérard Depardieu, Lily Passion (dont Universal s’apprête d’ailleurs à sortir un enregistrement studio inédit, que l’on pensait à jamais perdu et qui vient d’être retrouvé miraculeusement).
Un mythe, une énigme
De quoi entrevoir un peu mieux comment Monique Serf, petite fille d’origine juive sans le sou et abusée par son père, a pu devenir l’une des figures tutélaires de la chanson française. À force de travail, d’une irréprochable éthique et malgré une voix vacillante, Barbara a atteint de son vivant un statut de mythe. Et malgré l’immense notoriété qui sera la sienne à la fin de sa carrière, la chanteuse demeure, aujourd’hui encore, une énigme. C’est précisément sur ce mystère que l’exposition entend lever un coin de rideau.
On y découvre une Barbara intime, dans sa maison de Précy-sur-Marne : murée dans sa solitude, se débattant avec une dépendance aux somnifères. Une femme révoltée aussi. Parmi ses nombreux combats, son engagement contre le sida, auprès des malades et des associations (la chanteuse écrira plusieurs chansons sur les ravages de la maladie, comme « Le Couloir » dont elle réserva les droits à Act Up) : « Un abruti m'a dit un jour que je menais cette action parce que j'étais morbide. Mais moi, je hais la mort !, rectifia-t-elle. C'est le goût de la vie qui me fait agir. »
En marge de cette rétrospective, quelques projections de films (comme L’Oiseau rare avec Jean-Claude Brialy) mais aussi plusieurs concerts où Barbara Carlotti, Dominique A ou encore Camélia Jordana viendront se réapproprier le répertoire de « La Chanteuse de minuit ». Une célébration qui aurait à coup sûr fait rougir celle qui s’évertuait à fuir les honneurs...
EXPOSITION BARBARA, jusqu'au 28 janvier 2018 à la Philharmonie de Paris. Toutes les informations ici.
Entrée gratuite pour toute personne dont le premier prénom est Barbara (justificatif demandé).
philharmoniedeparis.fr
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Cet article est extrait du numéro 216 de TÊTU, disponible exclusivement en version numérique. Le sommaire complet ici :
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