Dans Les Rêveurs, l’actrice Isabelle Carré raconte autant qu’elle imagine son enfance rythmée - entre autre - par le coming out de son père, pour redonner la parole à celles et ceux dont on confisque souvent le micro : les enfants d’homos.
« Je cherchais partout, pendant les manifestations [des débats sur le mariage pour tous], des témoignages pour me retrouver en tant qu’enfant d’homo. Je n’en trouvais pas en dehors des sites spécialisés LGBT. (…) On ne les invitait pas dans les médias. » Cinq ans plus tard, elle l’a été au micro de France Inter. La comédienne Isabelle Carré posait mercredi matin un regard sensible sur son enfance et son adolescence, brossée dans son tout premier roman, autobiographique, sorti le même jour : Les Rêveurs.
« J’ai écrit ce livre sans mener d’enquête » prévient-elle en début d’interview. En incipit, elle dédie l’ouvrage à sa famille et à toutes les autres, « les grandes, les petites, les classiques et les autres. » Portrait d’une époque, d’un arbre généalogique, d’une fratrie et d’un couple marqué par un coming out tardif. Des rêveurs qui « se bricolent un peu une vie. » Elle dit d’ailleurs que c’est en partie l’homosexualité de son père qui l’a poussée à prendre la plume à 47 ans.
« La figure du père homo n’existe pas, ni dans la littérature ni dans les films, analyse-t-elle à la radio en paraphrasant Christophe Honoré. Que dire des enfants d’homos ? J’ai aussi eu besoin d’écrire ce livre pour faire exister cette figure-là », précise la comédienne.
Avec sincérité, elle raconte également qu’elle aurait souhaité naître dans une « famille classique » car « les enfants sont conservateurs, ils veulent que le papa soit en costard-cravate et la maman en jupe et talon, mais en grandissant on change. » Catégorique pour dire que la seule chose qui blesse les enfants d’homo, c’est le jugement d’autrui. Face à la Manif pour tous, elle explique à Marie Claire qu’elle fut « traumatisée » par l’homophobie et par l’arrogance de certain.e.s à s’exprimer au nom de ces enfants en prétendant qu’ils sont tous malheureux. Or « quelle richesse d’avoir vécu tout ça, cette ouverture d’esprit et cette tolérance réelle que ça m’a donné vis-à-vis des autres, c’est un cadeau », conclue-t-elle finalement au micro de Léa Salamé.
Les Rêveurs, disponible aux éditions Grasset
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