LGBTphobieIrak: 96% des personnes LGBT font face à des violences physiques ou verbales

Par Romain Burrel le 19/06/2018
Irak

L’association IraQueer vient de publier une étude dressant un état des lieux terrifiant des droits des personnes LGBT en Irak: 96 % des irakien.ne.s lesbiennes, gays, bi et transgenres ont déjà fait face à des violences physiques ou verbales en raison de leur sexualité ou de leur identité de genre. Quand ils et elles n'affrontent pas la mort. Une situation qui ne fait qu'empirer.

Comment survivre lorsque votre identité de genre ou votre orientation sexuelle vous expose à coup sûr aux violences de groupes armés, du gouvernement, de votre famille, de vos amis ou de vos voisins ? C’est la question que se pose chaque jour la quasi-totalité des personnes LGBT irakiennes. En Irak, 96% d'entre elles ont déjà fait face à des violences physiques ou verbales en raison de leur sexualité ou de leur identité de genre.
C’est ce que révèle une étude réalisée par l’association IraQueer. En tout, l’organisation a interrogé 257 LGBT iraquiens. Amir Ashour, le porte-parole et fondateur de l’association, lui-même réfugié politique irakien aux Etats-Unis, a été surpris par la hauteur de la participation à cette étude : « Ce nombre peut paraitre faible. Mais pour un pays comme l’Irak, où chaque participation à ce genre de démarche peut conduire à de la violence et potentiellement à la mort, c'est un nombre positivement élevé. » a-t-il confié au site d’information LGBT Pinknews.

"Mon copain a été tué..."

Au delà de ces chiffres effrayants, l’étude regroupe plusieurs témoignages bouleversants qui dressent un portrait terrible du pays du Golfe. Comme celui d’Omar, 28 ans, un jeune Iraquien réfugié au Liban:

« Mon copain a été tué en février 2017. Nous étions ensemble depuis 2 ans, et il était mon seul moyen d’existence. Peu après cela, j’ai fui le pays pour sauver ma vie. »

Les personnes transgenres en particulier, par le simple fait de leur existence, font face à des dangers extrêmes. Les traitements hormonaux et les opérations n’étant pas légalisés en Irak, transitionner est encore plus difficile. Voire mortel. Et celles qui souhaitent se rendre à l’étranger pour subir une opération ou se procurer des traitements hormonaux rencontrent les pires difficultés pour obtenir des documents officiels en adéquation avec leur genre auprès de l’administration irakienne.

Une participante à l’étude, Noor témoigne :
« Avoir accès aux hormones que je dois utiliser est dangereux pour ma vie. Mais chaque journée passée où je n’étais pas une fille, je pensais au suicide, et la femme d’ajouter: Je sais que je dois faire face à davantage de danger depuis que mon corps a commencé à changer. Mais je préfère vivre en ressemblant à qui je suis que de mourir en ressemblant à ce que la société veut que je sois. »

Les femmes lesbiennes quant à elles doivent faire face à une double discrimination: en tant que femmes d’abord puis en tant que minorité sexuelle. D’après le rapport, elle sont souvent mariées de force à des hommes et doivent taire leur orientation sexuelle.

L'influence néfaste des médias

Et les médias irakiens ne sont d'aucun secours pour  ces populations. Au contraire. Selon l’étude, 89% des personnes LGBT irakiennes estiment que les médias exercent une influence négative sur leurs représentations. La situation est loin de s’améliorer. L’ONG Human Rights Watch estime à 200 le nombre de décès de personnes LGBT en Irak par an. Un chiffre qui s’aggrave puisqu’en 2017, d'après le rapport d'IraQueer, ils étaient 220...