LGBTphobieCalifornie : des manifestations prévues contre un élu demandant un "mois des fiertés hétérosexuelles"

Par Clément Boutin le 04/07/2018
californie

Ted Hickman, maire-adjoint de la municipalité de Dixon en Californie, a provoqué un tollé en appelant à désigner le mois de juillet 2018 comme le « mois américain des fiertés hétérosexuelles ». Deux manifestations contre ses propos sont prévues les mardi 10 et samedi 28 juillet.

Peser ses mots. Voilà ce qu'aurait sûrement dû faire Ted Hickman, maire adjoint de la municipalité de Dixon, en Californie, après avoir demandé de qualifier le mois de juillet 2018 « mois américain des fiertés hétérosexuelles » (« Straight Pride American Month »). Dans un tribune publiée le 29 juin dernier sur son blog et dans un journal local, l'élu américain a appelé les hétéros de son pays à célébrer « leur mois » en tant que personnes « saines, hétérosexuelles et plutôt monogames ». Ambiance.
 

 
Cette sortie a amené de nombreuses personnes à s'organiser sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, un groupe intitulé « Retirons le mandat de Ted Hickman » est ainsi apparu, réunissant plus de 1 000 utilisateurs en quelques jours. Il propose de manifester le mardi 10 juillet, au moment de la réunion bi-mensuelle de la mairie. « Ce sera un événement courtois et nous ferons entendre des discours calmes et polis. Les réunions de la mairie sont filmées et enregistrées », peut-on lire sur la page de l'événement.
 

Californie : des manifestations prévues contre un élu demandant un "mois des fiertés hétérosexuelles"
(capture d'écran Facebook)

 
Le samedi 28 juillet, c'est carrément une Marche des fiertés qui est organisée à Dixon à la suite des propos de cet élu américain.

« L'adjoint au maire de Dixon, Ted Hickman, a encore publié un texte anti-LGBTQ+ et a qualifié juillet de 'mois des fiertés hétérosexuelles', peut-on lire sur l'événement Facebook. Ce n'est pas la première fois, et sûrement pas la dernière, qu'il a tenu des propos horribles et haineux contre notre communauté. Malheureusement, c'était mon voisin quand je grandissais à Dixon. Maintenant, je crois qu'il est temps que Dixon organise son premier jour des fiertés pour les personnes LGBTQ+. »

Il persiste et signe

Au cours de sa chronique, qu'il publie depuis 10 ans dans le journal The Independent Voice, Ted Hickman en profite notamment pour qualifier les personnes LGBT+ de « fées » et les parades des Marches des fiertés de « spectacles montés de toutes pièces pour compenser le complexe d'infériorité de 'nous sommes différents' ou quelque chose de ce type ».

« Nous sommes différents d'eux, poursuit-il. Nous travaillons, nous avons des familles (et des bébés que nous faisons), apprécions et aimons la compagnie du sexe opposé et n'exhibons pas nos différences en nous habillant comme des fées et en nous pavanant par centaines autour de San Francisco pour nous retrouver sur toutes les télés du monde. »

Dimanche 1er juillet, deux jours après avoir publié son texte, l'adjoint au maire a indiqué au média The Reporter News : « Si vous n'aimez pas ce que j'écris, ne lisez pas. Je représente de manière équitable tous les résidents de Dixon sur les questions gouvernementales, mais pas sur leurs choix de vie ». Selon lui, le billet a été écrit « avec ironie ». Il a ajouté qu'il allait se représenter à l'élection municipale en novembre prochain.

Des propos critiqués

Les propos de Ted Hickman n'ont pas froissé que les personnes LGBT+. Certains de ses collègues l'ont également critiqué, comme Devon Minnema, qui fait aussi partie du conseil municipal. « Les propos tenus par Ted Hickman dans Independant Voice me dérangent vraiment, déclare-t-il sur Facebook. Je connais quel genre de personne il est depuis longtemps, mais je n'ai jamais eu assez de soutien pour agir. J'espère que les autres membres du conseil municipal verront clairement cette idéologie de la haine qu'ils partagent avec lui et prendront la bonne décision dans les semaines à venir. »
 

 
Le maire de Dixon, Thom Bogue, a quant à lui déclaré dans un communiqué que son adjoint « aurait dû se rendre compte qu'en tant qu'élu, il représente tout le monde, quelle que soit leur orientation sexuelle ». Selon The Reporter News, il aurait également déclaré : « Si je n'approuve pas un tel article (...), je crois fortement en la liberté d'expression même quand je n'aime pas ce que la personne dit. Mise à part ça, quelqu'un doit faire face aux conséquences de ses déclarations. Ce n'est pas mon rôle de sanctionner une personne qui a été élue en raison de propos qu'elle voudrait publier. C'est à ses électeurs de dire s'il représente ou non leurs croyances ».
En attendant, l'élu américain a manqué d'imagination : la création d'une « Pride hétéro » est une revendication loin d'être nouvelle en plein mois des Fiertés. Y compris en France.
 

 
Crédit photo : capture d'écran Facebook.