Johan, un étudiant transgenre de 18 ans, a été violemment insulté et agressé par cinq hommes dans la nuit de vendredi à samedi près d'une discothèque d'Orléans. Il s'est confié à TÊTU.
« J'en tremble encore. » Vendredi soir, Johan rentre du centre-ville Orléans où il vient de fêter le 14 juillet avec quelques amis. Mais sur le chemin du retour, aux alentours d'1h du matin, cet étudiant de 18 ans croise la route d'un groupe de cinq jeunes hommes à la sortie de la boîite de nuit 'Nova Club': « Je marchais sur les rails du tram avec mes écouteurs pour rentrer chez moi, j'étais dans mon petit monde quand ils m'ont interpellé ».
Le jeune homme les reconnait immédiatement. Les cinq individus, « âgés de 16-17-18 ans » selon lui, l'ont déjà insulté quelques jours plus tôt au même endroit. « Ils m'ont tout de suite dit qu'ils voulaient régler ce qui avait été commencé, confie Johan à TÊTU. C'est là que les insultes ont commencé ».
« Sale pédé », « Dieu va te punir », « Tu devrais avoir honte »... : les violences verbales de ses agresseurs sont accompagnées de coups de poing répétés.
« Ils ont tenté de m'écraser en voiture »
Toujours selon le récit de Johan, quatre des hommes le projettent alors au sol, le soulèvent de chaque côté pendant qu'un autre part récupérer sa voiture :
« Ils m'ont balancé sur la route et le temps de me remettre du choc que j'ai pris sur la jambe, le cinquième mec a débarqué en trombe avec sa voiture pour tenter de m'écraser. »
Johan parvient à s'extirper in extremis avant de prendre la fuite.
Mais les cinq hommes s'acharnent et décident de le poursuivre en voiture. « J'ai réussi à m'engouffrer dans une petite rue où je me suis caché sous une voiture sans qu'ils me voient. » Johan restera là pendant plus d'une heure et demie avant de rentrer chez lui.
Aujourd'hui, il confie être toujours sous le choc : « Mes blessures étaient plus superficielles qu'autre chose, mais psychologiquement, j'ai peur. Je continue à sortir mais je crains de les recroiser, que ça recommence. Et que cette fois-ci je n’ai pas le bon réflexe et que j’y passe ».
Un rassemblement organisé jeudi
L'agression a été condamnée lundi soir dans un communiqué de presse de la Fédération des Jeunes Communistes du Loiret, dont Johan est adhérent. « Nous apportons tout notre soutien et notre solidarité à notre camarade Johan comme à toutes les victimes de transphobie. » Un rassemblement de soutien est prévu jeudi à 18h place de la République à Orléans.
« J'y serai forcément, nous assure Johan. Il faut mettre cette cause en avant car ça arrive à d'autres gens qui n'en parlent pas et qui n'ont pas la chance, comme moi, d'avoir le soutien d'une fédération ou d'une association. »
Comme beaucoup de victimes d'actes transphobes, Johan n'est pas allé porter plainte et ne souhaite pas le faire. S'il évoque des « raisons personnelles », la majorité des victimes craignent surtout de vivre un nouveau traumatisme au commissariat. Un lieu où elles racontent être trop souvent mal accueillies, mégenrées. Voire humiliées.
Crédit photo : Ludovic Bertron/Flickr