L'application de rencontres entre hommes, Grindr, a annoncé, vendredi 27 juillet 2018, via son compte Twitter et de façon assez énigmatique, le lancement d'une nouvelle version de l'application : Kindr, prévue pour septembre 2018. La plateforme souhaite lutter contre le racisme et le harcèlement, de plus en plus répandus sur le site.
« Quand quelqu'un dit quelque chose comme, 'je ne sors pas avec les mecs noirs', c'est ce que j'appelle du racisme sexuel. » Voilà sur quoi s'ouvre la vidéo publiée sur le compte Twitter de l'application de rencontres entre hommes, Grindr, vendredi 27 juillet 2018. Une vidéo énigmatique, dans laquelle Grindr devient Kindr - du mot anglais « kind » (gentil) - avec un nouveau leitmotiv : « Il est temps de bien jouer » (« It's time to play nice »).
L'application se tournerait-elle vers un mode de dating plus respectueux, en bannissant toute forme de racisme et de harcèlement ? C'est en tout cas ce qui est suggéré. Réponse le 18 septembre prochain.
https://twitter.com/Grindr/status/1022912490286411778
Racisme et transphobie
La mystérieuse annonce, intervient deux jours seulement après que Munroe Bergdorf, mannequin britannique et activiste trans', a dénoncé le racisme et la transphobie de certains utilisateurs de l'application. La première mannequin trans' à poser pour l'Oréal au Royaume-Uni a lancé un appel à témoignages sur les réseaux sociaux et ne s'est pas privée de publier les captures d'écran des messages reçus par certains utilisateurs.
Des propos racistes et transphobes d'une violence extrême : « Les personnes noires ayant la peau noire sont obscènes, dégoûtantes et inintéressantes. Arrêtez de nous parler, à nous, les blancs.(...) Vous ne méritez pas d'avoir l'attention d'un homme blanc. »
https://twitter.com/MunroeBergdorf/status/1022199139747201029
« Grindr - Vous fournissez une plateforme qui permet au racisme et la transphobie de prospérer, mais vous n'avez pas mis en place les procédures adéquates pour gérer de tels abus et protéger les personnes de couleur et les personnes trans'. »
Dans un communiqué publié sur son compte Instagram dans la foulée, l'activiste précise avoir été contactée par le directeur communication du site, pour évoquer « les changements qui vont être mis en oeuvre en ce qui concerne les abus et les politiques relatives au harcèlement ». Munroe Bergdorf s'est également félicité d'avoir interpellé la plateforme, qui, selon elle, a « les ressources et le potentiel pour devenir quelque chose de positif et d'inclusif envers la communité LGBTQ ».
https://www.instagram.com/p/Blsp2cNHLr5/?utm_source=ig_web_copy_link
« Je ne trouve pas les asiatiques attractifs »
D'autres cas de racisme ont été recensés envers d'autres communautés. Début juillet déjà, Sinakhone Keodara, le fondateur d'une plateforme de streaming asiatique, s'est élevé contre les discriminations faites sur Grindr à l'encontre des hommes asiatiques. Dans un communiqué publié sur son compte Twitter, l'entrepreneur, ouvertement gay, a annoncé vouloir trouver plusieurs hommes dans 50 États à travers le monde, pour s'associer à lui en tant que co-plaintifs dans une procédure collective contre l'application, pour discrimination fondée sur la race.
« Diffusez mon appel pour trouver d'autres co-plaintifs gays et asiatiques qui auraient été offensés, humiliés et déshumanisés par Grindr. L'application permet aux hommes blancs d'écrire dans leurs profils 'pas d'asiatiques', 'pas intéressés par les asiatiques' ou encore 'je ne trouve pas les asiatiques attractifs'. »
Gay Asian men bringing a national class action lawsuit against @Grindr for race discriminations. @DanielMagOnline @TheGayUK @WEHOville @RealWeHoTimes @GayUKNews @MenMagazineGay @instinctmag @GaySYDAustralia @gaystarnews#GrindrClassActionLawsuit #Gaysians #Race #Discrimination pic.twitter.com/U8xfmskRGn
— Sinakhone Keodara (@frogseatmoon) July 9, 2018
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En avril dernier, l'application, qui revendique 3,6 millions d'utilisateurs à travers le monde, a été au centre d'une vive polémique, lorsqu'une ONG norvégienne avait annoncé que l'entreprise aurait révélé à deux entreprises tierces le statut sérologique de ses utilisateurs. L'associations AIDES avait immédiatement appelé au boycott de l'application par le biais du hashtag « #DeleteGrindr » (« #SupprimezGrindr ») sur les réseaux sociaux.
Une évolution salutaire donc, et très attendue des utilisateurs de l'application. Reste à savoir quels outils seront mis en place, pour réellement empêcher toute forme de racisme ou de transphobie envers les membres de la communauté GBT+ de l'application.
Crédit photo : capture d'écran du site Kindr.