"Les homos dirigent Paris", "les pédés" sont "un peu pervers", Bruno Julliard est "de la jaquette"... Dans une vidéo dévoilée ce jour, dimanche 22 septembre, par le Journal du Dimanche (JDD), le célèbre forain Marcel Campion s'est illustré par un discours en roue libre et d'une homophobie décomplexée. Des propos qui ont scandalisé la classe politique. Mais que la majorité présidentielle a du mal à condamner d'une seule voix...
On pensait que son truc, c'était les manèges. Mais le très médiatique forain Marcel Campion est aussi ceinture noire d'homophobie. Lors d'une réunion publique à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, organisée le 27 janvier dernier pour lancer son mouvement politique, le « roi des forains » a multiplié les clichés et les injures homophobes.
Pas de chance, cette réunion était filmée. Et nos confrères du Journal du Dimanche (JDD) ont exhumé, aujourd'hui, dimanche 22 septembre, la vidéo de la performance de Campion :
Lors dâune réunion publique filmée, le célèbre forain Marcel Campion a qualifié les homosexuels de "pervers", et notamment Bruno Julliard, ex-premier adjoint de la ville de Paris https://t.co/oV2B4BAo3Y pic.twitter.com/eeLu9Q9Yqu
— Le JDD (@leJDD) September 23, 2018
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« Plug anal »
En forme, le propriétaire de la fameuse grande roue qui trône désormais dans le Jardin des Tuileries, commence son intervention tout en finesse en multipliant les sous-entendus racistes sur les origines des deux derniers maires de Paris : « Est ce que c’étaient des Parisiens? Moi, je ne sais pas, j’ai connu Delanoë, il était Tunisien. Là, on a Anne Hidalgo, elle est Madrilène ». Le ton est donné.
Puis, il enchaîne sur l’œuvre de Paul McCarthy exposée place Vendôme lors du salon de la FIAC en 2014, "le fameux « Tree », qu'il compare à un « plug anal » : « Vous savez, le truc qu’ils se mettent dans le fion, pour les pervers là. À Noël, c’est bien pour les enfants » déclare-t-il.
Après avoir qualifié les élus écologistes de « merde » que l'on « peut écraser » , il s'en prend à l’ex-premier adjoint de Paris, Bruno Julliard, en l’attaquant ouvertement sur son orientation sexuelle :
« Lui c’est le plus beau. C’est lui qui commande toute la ville. Il arrive des syndicats des étudiants (l’Unef) », commence-t-il avant de verser dans l’homophobie : "Comme il était un peu de la jaquette, il a rencontré Delanoë, ils ont fait leur folie ensemble et paf ! Il est premier adjoint. Et avec Anne Hidalgo, il est super parce qu’en même temps il lui a amené tous les homos de la terre. C'est-à-dire que toute la ville, maintenant, est gouvernée par des homos. »
Classe.
« D’habitude, je dis les 'pédés' »
Mais Campion ne s'arrête pas en si bon chemin. Au contraire, il passe la troisième et file à 100 à l'heure sur l'autoroute de l'homophobie :
« Moi, j’ai rien contre les homos, d’habitude, je dis les « pédés », mais on m’a dit hier qu’il fallait plus que je dise ça. Donc je ne dis plus les pédés, je dis les homos. J’ai rien contre eux, sauf qu’ils sont un peu pervers. »
Nos confrères du JDD ont joint Marcel Campion qui nie avoir tenus les propos qu'on l'entend pourtant tenir distinctement dans la vidéo. Il reconnaît néanmoins avoir traité « Julliard de 'pervers', mais pour dénoncer... sa ‘perversité en affaires’ »
Réactions politiques
Les réactions sur la toile ne se sont pas faites attendre. Plusieurs responsables politiques ont condamné les propos de M. Campion. A commencer par sa principale victime : Bruno Julliard. Dans un tweet, l'ex-premier adjoint à la maire de Paris a annoncé que ces « propos abjects ainsi que leur auteur seront poursuivis en justice ».
Certaines injures, par celui qui les prononce, deviennent des décorations... Mais lâhomophobie doit être combattue sans relâche, parce quâelle opprime, stigmatise et tue chaque jour. Ces propos abjects ainsi que leur auteur seront poursuivis en justice.
— Bruno Julliard (@BrunoJulliard) September 23, 2018
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La maire de Paris, Anne Hidalgo, a quant à elle condamné des propos « inadmissibles » et rappelé que « l'homophobie n'aura jamais sa place à Paris » :
Je condamne les propos inadmissibles de Marcel Campion. L'homophobie n'aura jamais sa place à Paris. La justice doit être saisie. https://t.co/57EGwIG5HI
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) September 23, 2018
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De son côté, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit « atterré » par les propos du forain.
Atterré par les propos de Marcel Campion. Et très troublé par les justifications de #LREM #StopHomophobie https://t.co/N2x0bBuGFa
— Olivier Faure (@faureolivier) September 23, 2018
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« Le bénéfice du doute »
Coté majorité présidentielle, par contre, c'est plus compliqué. Certains députés LREM comme Laurence Vanceunebrock-Mialon et Matthieu Orphelin (qui a récemment fait son coming out sur le site de TÊTU) ont fait part de leur indignation. Tout comme le Porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui lui considère que les propos tenus par Campion sont « à vomir » :
à vomir.
En niant avoir tenu ces propos ignobles lorsque @leJDD lâinterroge, M. Campion ajoute le manque de courage à lâhomophobie la plus crasse. Quâil soit poursuivi et lourdement condamné. Nous ne laisserons rien passer. @enmarchefr https://t.co/iuMJ6mWeHZ— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) September 23, 2018
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« Ils ne méritent aucune indulgence ni aucune explication qui pourrait conduire à en relativiser l'intention. Ils sont scandaleux, un point c'est tout ! », a écrit pour sa part le nouveau patron des députés LREM Gilles Le Gendre, toujours sur Twitter.
Au nom du Groupe parlementaire @LaREM_AN , je condamne sans réserve les propos homophobes de #MarcelCampion. Ils ne méritent aucune indulgence ni aucune explication qui pourrait conduire à en relativiser l'intention. Ils sont scandaleux, un point c'est tout !
— Gilles Le Gendre (@GillesLeGendre) September 23, 2018
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Mais d’autres, comme le député LREM Joachim Son-Forget, ne voient dans ces propos « rien contre l'homosexualité » et accorde à Marcel Campion « le bénéfice du doute ». Le parlementaire va même jusqu'à dénoncer un « lynchage médiatique ! » à l'égard du forain... dont l’honneur semble plus important à défendre que celui des homosexuel.le.s ici insulté.e.s :
https://twitter.com/sonjoachim/status/1043770573963382786
Quant à Christophe Castaner, secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, il estime que propriétaire de la grande roue a peut-être été "mal compris" mais lui demande tout de même s'excuser :
Le débat politique peut être vif, mais jamais aucun propos homophobe ne sera acceptable. S'il pense avoir été mal compris #MarcelCampion doit le dire et s'excuser de la violence de ses mots. https://t.co/QbQuFHFsU8
— Christophe Castaner (@CCastaner) September 23, 2018
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En 2018, certains élus ont encore du mal à reconnaitre l'homophobie, même quand elle leur saute aux yeux...
Crédit image: capture écran JDD