Le gouvernement roumain souhaitait inscrire l'interdiction du mariage pour tous dans la Constitution. Le référendum, qui s'est tenu ces samedi 6 et dimanche 7 octobre, est un échec puisque plus d'un électeur sur cinq s'est abstenu de voter. Un chiffre placé sous la barre fixée par le gouvernement roumain pour valider le référendum.
Raté. Les Roumains ont refusé, dimanche 7 octobre 2018, d'ancrer dans la Constitution l'interdiction du mariage gay en boudant un référendum soutenu par le gouvernement de gauche, qui essuie un cuisant revers. Seuls 20,41% des électeurs ont voté lors de ce scrutin qui avait débuté samedi 6 octobre, selon le Bureau électoral central, alors qu'un seuil minimum de 30% était requis pour que cette consultation soit validée.
Victoire du « oui »
Sans surprise, le « oui » à l'interdiction du mariage pour tous a recueilli la majorité des suffrages. Au total, plus de 3,4 millions de personnes (soit 91,6%) sur les quelque 3,7 millions d'électeurs qui se sont rendus aux urnes, ont voté pour inscrire dans la Constitution que seuls « un homme et une femme » peuvent se marier et non plus des « époux », comme stipulé actuellement.
Seuls 6,4% des votants se sont exprimés contre cette modification selon les premiers résultats.
« Un échec pour les Roumains »
Le référendum avait été initié par des ONG proches de la puissante Eglise orthodoxe et réunies au sein d'une « Coalition pour la famille », qui ont assuré avoir recueilli trois millions de signatures d'opposants au mariage gay. Le scrutin a attiré 3,7 millions d'électeurs, sur un total de quelque 19 millions. « Nous n'avons pas atteint notre but, nous le ferons la prochaine fois », a assuré le président de cette coalition, Mihai Gheorghiu.
« C'est un échec pour les Roumains et pour la Roumanie », a lancé le secrétaire-général des sociaux-démocrates (PSD) Codrin Stefanescu, dénonçant le « boycott d'une démarche civique ».
Boycotter la consultation
Bien au-delà de la communauté LGBT, de nombreuses organisations de la société civile avaient appelé à boycotter cette consultation. L'association Accept, qui défend les droits des minorités sexuelles, s'est félicitée d'un résultat qui « démontre l'attachement de l'électorat envers le parcours européen de la Roumanie et envers les valeurs démocratiques ».
Appelés à inscrire dans la loi fondamentale que seuls « un homme et une femme » peuvent s'unir et non plus des « époux », comme stipulé actuellement, les Roumains ont préféré rester chez eux, dénonçant un « gaspillage d'argent » mais aussi une campagne aux accents outrageants envers les homosexuels.
« On devrait laisser à tout le monde le choix de se marier ou non, sans égard pour l'orientation sexuelle », a confié à l'AFP une retraitée, Ileana Popescu.
« Instiller la haine contre une minorité »
Sur le fond, cette consultation ne devait rien changer puisque la législation roumaine n'autorise ni le mariage entre personnes de même sexe ni l'union civile. Mais une modification constitutionnelle aurait verrouillé davantage cette interdiction.
À contre-courant des gauches européennes, les leaders des sociaux-démocrates roumains ont pris fait et cause pour les défenseurs de la « famille traditionnelle », moins par conviction, selon leurs adversaires, que par « opportunisme ». Mais selon le sociologue Gelu Duminica, interviewé par l'AFP, l'implication du PSD dans cette campagne a eu l'effet inverse, éloignant les électeurs des urnes. Et de poursuivre :
« L'agressivité qui a marqué la campagne pour le oui, la tentative d'instiller la haine contre une minorité a rendu les Roumains réticents à voter. »
Le référendum a suscité de vives critiques au sein des institutions européennes qui ont rappelé Bucarest à ses engagements en matière de droits de l'homme.
(Avec AFP)
L'article a été mis à jour le 8 octobre à midi.
Crédit Photo : Daniel Mihailescu / AFP Photo.