90 femmes, célibataires et lesbiennes ayant eu recours à la PMA, publient ce jeudi 11 octobre une tribune sur Franceinfo pour dénoncer leur invisibilisation dans les médias.
« Chers journalistes et rédacteurs en chef, pour cinq opposants à la PMA, combien de lesbiennes avez-vous interrogées ? » Dans une tribune publié ce jeudi 11 octobre sur le site Franceinfo, 90 femmes qui ont eu recours à la Procréation médicalement assistée (PMA) interpellent les médias. Toutes font un seul et même constat : rares sont celles, parmi elles, qui ont été invitées à s'exprimer sur un sujet qui les concerne pourtant directement.
Tout comme l'association des journalistes LGBT a pu le faire dans un communiqué le 26 septembre dernier, elles dénoncent l'invisibilisation des lesbiennes et des femmes célibataires dans les médias et veulent peser dans le débat.
Parmi les signataires figurent la journaliste d'Arte Marie Labory, la députée LREM de l'Allier Laurence Vanceunebrock-Mialon, l'ancienne capitaine de l'équipe de France féminine de football Marinette Pichon, ou encore Emilie Jouvet, réalisatrice d'un documentaire sur la PMA.
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« Les médias sont responsables »
« Voilà que ça recommence », débute la tribune, rappelant la vague de haine qui s'est déversée sur les personnes LGBT+ et les familles homoparentales lors des débats sur le mariage pour tous, en 2013. Celle-ci dénonce le tapis rouge déroulé par les médias à « l'Eglise, la Manif pour tous, des philosophes, des 'intellectuels' autoproclamés. Personne qui ne soit directement concerné ».
Les signataires rappellent au passage que la place faite aux opposants à la PMA est en décalage total avec la réalité : « 75% des Français sont favorables à l'ouverture de la PMA, selon un sondage Ipsos-Sopra réalisé pour France Télévisions en juin 2018. Pourtant, à lire ou regarder les infos, on pourrait avoir l'impression que c'est tout le contraire. C'est ici que les médias sont responsables ».
«Face à leur dégoût, nous souffrons »
Ecoeurées, ces soixante femmes accusent les journalistes de lesbophobie et de quête d'audimat aux dépends de leurs familles :
« Mais nous sommes à vif. Face à leur dégoût, nous souffrons. Face à leur haine, nous sommes blessées. Or la haine, la peur, ça vend bien, n'est-ce pas ? ».
Et puisque les détracteurs de la PMA défendent « l'intérêt supérieur de l'enfant », les signataires rappellent que, dans un tel contexte, ce sont justement leurs fils et leurs filles qui sont en premier lieu impacté.e.s par la mise en avant de ces discours LGBTphobes : « Si nos enfants souffrent de quelque chose aujourd'hui, c'est d'être ainsi rejetés, montrés du doigt par des soi-disant détenteurs de vérité. Ce que nous craignons pour eux, c'est qu'ils croisent un jour, en bas de chez nous, ces manifestants pleins de haine ».
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