cinémaBarry Jenkins revient avec "Si Beale Street pouvait parler" : "C'est un film sur la fierté d'être qui l'on est"

Par Renan Cros le 29/01/2019
Barry Jenkins revient avec "Si Beale Street pouvait parler" : "C'est un film sur la fierté d'être qui l'on est"

[PREMIUM] En 2016, Barry Jenkins a conquis le monde – et les Oscars – avec "Moonlight", un sublime mélodrame sur l’affirmation de soi d’un jeune gay afro-américain. Pour son quatrième film, le réalisateur de 38 ans revient avec "Si Beale Street pouvait parler", l’adaptation du roman culte de l’écrivain homosexuel James Baldwin, en salles ce 30 janvier 2019. Une œuvre tout aussi forte, engagée et audacieuse sur l’amour et la dignité comme seules armes face à l’oppression des minorités. Rencontre.

De quelle manière "Moonlight", son succès et l’impact politique des Oscars (premier film aux thématiques LGBT+ et premier film au casting exclusivement afro-américain à remporter l’Oscar du meilleur film), vous a-t-il aidé à faire "Beale Street" ?

La chance que j’ai eue, je pense, c’est de me lancer sur ce nouveau projet avant même la sortie de "Moonlight". Le succès du film ne m’a atteint qu’a posteriori. Vous savez, "Moonlight" était fort pour moi bien avant cet Oscar. Réussir à raconter cette histoire, à mettre des images sur la voix si forte, si singulière de Tarell Alvin McCraney [auteur de la pièce autobiographique et du scénario de Moonlight, NDLR], c’était une expérience artistique très forte.

Évidemment, voir après coup les risques pris récompensés m’a donné du courage. Je ne parle même pas des prix. Je pense surtout à la manière dont le film a trouvé un public, la façon dont les spectateurs ont entendu et reçu cette histoire. C’était très fort. Je me souviens, juste après les Oscars, du tweet d’un jeune homme. Il me disait que la renommée du film avait donné envie à ses parents de le voir, avec lui. Il avait alors pu leur parler et leur dire qu'il était gay. Rien que de vous raconter ça aujourd’hui, j’en ai des frissons. C’est quelque chose que j’ai emporté avec moi sur "Beale Street". Comme si les mots de Tarell m’avaient donné la force de me confronter et de porter enfin à l’écran ceux de James Baldwin. "Beale Street" est encore plus radical, plus expérimental dans son récit et son esthétique que "Moonlight". On pourrait dire que c’est un mélodrame amoureux sur fond de racisme dans l’Amérique des années 1970... Mais c’est bien plus que ça.

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"Un jeune homme m’a écrit que la renommée de Moonlight avait donné envie à ses parents de voir le film, avec lui. Il a alors pu leur parler et leur dire qu'il était gay."...