L'athlète intersexe Caster Semenya pourrait être contrainte d'abaisser chimiquement son niveau de testostérone pour concourir dans des compétitions féminines.
Que sera-t-il décidé ? Selon le quotidien britannique The Times, la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) va demander à ce que la Sud-Africaine intersexe Caster Semenya, championne olympique du 800 mètres, soit considérée comme un "mâle biologique". Elle serait ainsi contrainte d'abaisser chimiquement son niveau de testostérone si elle souhaite concourir dans des compétitions féminines.
"Les avocats de l'IAAF vont plaider que la Sud-Africaine de 28 ans - et d'autres athlètes avec des DSD (differences of sexual development, ou différences de développement sexuel) - devrait être classée comme mâle biologique, mais être autorisée à s'identifier comme femme et à concourir dans des courses féminines si, comme le font les athlètes transgenres, elle prend des produits pour réduire la testostérone", écrit le Times.
L'IAAF doit défendre cette position devant le Tribunal arbitral du sport la semaine prochaine lors d'une audience très attendue, ajoute le journal britannique. Une audience durant laquelle Semenya et d'autres athlètes entendent bien contester l'entrée en vigueur de ces nouvelles règles sur l'hyperandrogénisme.
Démenti de l'IAAF
Mais l'IAAF dément ces affirmations. "On ne classe aucun athlète DSD comme mâle. Au contraire, nous acceptons leur sexe officiel sans aucune question et leur permettons de concourir dans les compétitions féminines", a rétorqué la Fédération dans un communiqué.
"Cependant, si une athlète DSD a des testicules et des niveaux de testostérone masculins, elle a le même développement osseux, la même augmentation de la masse musculaire et de la puissance que chez les mâles après la puberté, et c'est ce qui donne l'avantage aux hommes par rapport aux femmes. Pour préserver l'équité de la compétition féminine, il est donc nécessaire de demander aux athlètes DSD de réduire leur taux de testostérone au niveau de celui des femmes avant une compétition internationale", plaide la Fédération internationale.
Contraintes du nouveau règlement
Selon le texte, les athlètes intersexes, qualifié.e.s l'IAAF d'hyperandrogènes, devront abaisser chimiquement leur niveau de testostérone pour pouvoir concourir, ce qui selon la Sud-Africaine entre en violation avec la constitution de l'IAAF et la Charte olympique.
Ces nouvelles règles devaient entrer en vigueur le 1er novembre, mais elles ont été suspendues pour cinq mois afin d'éviter un nouveau report des procédures entamées par Semenya pour questionner la légalité de ces règles.
Tribune d'athlètes en soutien
Une soixantaine de sportives mondialement connues, dont la joueuse de tennis américaine Billie Jean King et la sprinteuse Dutee Chand, avaient signé, mardi 10 juillet 2018, une lettre ouverte à l’attention de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme pour mettre fin à sa politique discriminatoire envers les athlètes intersexes.
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La double championne olympique (2012, 2016) et triple championne du monde du 800 m (2009, 2011, 2017), qui bénéficie du soutien de la Fédération d'athlétisme d'Afrique du Sud, est sûrement l'athlète la plus connue affectée par le nouveau règlement de l'IAAF.
(Avec AFP)
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