agressionNantes : une militante LGBT+ agressée à la manif anti-PMA

Par Timothée de Rauglaudre le 02/12/2019
Marchons enfants

Une jeune militante LGBT+ a été agressée dimanche soir à Nantes par un homme faisant partie du cortège du collectif "Marchons enfants" opposé à la PMA pour toutes.

Dimanche 1er décembre, Nantes. A l'appel du collectif "Marchons enfants", notamment structuré autour de La Manif pour tous, des rassemblements étaient organisés dans toute la France contre le projet de loi bioéthique, en particulier contre l'ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes seules. Ce texte sera examiné en deuxième lecture au Sénat au mois de janvier. Pour le rassemblement nantais final, le point de rendez-vous était donné à 17h devant la préfecture.

Une contre-manifestation était organisée par le centre LGBT+ Nosig (Nos orientations sexuelles et identités de genre) et le collectif Riposte. Outre la défense de la PMA pour toutes, ce "rassemblement non violent" dénonçait le choix de la date de la mobilisation des anti-PMA, jour de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Les militants avaient pris leurs précautions. Dans un post Facebook, Nosig demandait aux participants de "ne pas mentionner La Manif pour Tous directement sur les pancartes/banderoles" - après la récente condamnation d'une militante d'Act Up par La Manif pour tous - et de "ne pas toucher (physiquement) les LMPT, ils sont violents/procéduriers et n’hésiteront pas à vous faire emmener au poste".

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Cagoules et tatouage suprémaciste

Un peu avant 17h, alors que le soleil commence à décliner, une quarantaine de contre-manifestants LGBT et antifascistes se positionnent sur la place devant la préfecture. Dans le cortège Marchons enfants, environ 60 manifestants leur font face, brandissants des drapeaux "Marchons enfants" et une banderole "Non à la PMA sans père", raconte la photojournaliste Estelle Ruiz qui a assisté à la scène. Parmi eux, une quinzaine d'hommes cagoulés et vêtus de noir. Certains portent des "bâtons" d'après le collectif Riposte.

Une des photos prises par Estelle Ruiz montre l'un de ces individus avec à la main droite, tatouée, une rune d'Odal, symbole prisé des suprémacistes blancs. Vers 17h, la tension monte et les deux groupes se lancent des slogans. Côté contre-manifestants, entre autres : "Tout le monde déteste les fachos" ou "Une paire de mères vaut mieux qu'un père de merde", se souvient Fañch, militant "queer" qui participait à l'action. Les militants LGBT entreprennent alors de lancer des préservatifs au cortège Marchons enfants.

"Elle a perdu connaissance"

En guise de réplique, une dizaine d'hommes cagoulés s'approchent. "Ils ont profité du fait qu'une camarade soit à l'avant du groupe et isolée pour s'avancer et s'en prendre à elle", raconte Fañch. Selon Riposte, l'un d'eux -apparemment vêtu d'un pantalon beige - a alors décoché un coup de poing au visage de la jeune militante LGBT. "J'ai vu la jeune femme au sol", décrit Estelle Ruiz. "Elle a perdu connaissance."  Une poignée de militants l'écartent pour l'allonger sur la pelouse en attendant les secours. Les pompiers arrivent et la transportent à l'hôpital, d'où elle devait sortir ce lundi 2 décembre.

Des camions de police arrivent à leur tour et forment un cordon entre les deux groupes de manifestants et de contre-manifestants. "Ça a calmé les tensions", rapporte Fañch. Le groupe d'hommes cagoulés s'éloigne dans une rue adjacente, avant de revenir pour "s'en prendre à nous et nous suivre", poursuit le militant. Alors les forces de l'ordre interviennent une nouvelle fois, tirent du gaz lacrymogène et les deux groupes se séparent définitivement. On ignore encore si la jeune agressée femme portera plainte.

 

Crédit photo : Estelle Ruiz / Nur Photos