musiqueDe The Dø à Prudence, Olivia Merilahti raconte sa renaissance

Par Florian Ques le 08/04/2020
Prudence

Après de longues années à partager la scène en tandem, la chanteuse Olivia Merilahti s'essaie à une carrière solo à travers un nouvel alias et un timbre pop assumé. Rencontre.

A la fin du mois de mars, on découvrait une certaine Prudence avec "Never With U", hymne d'empowerment féministe. Derrière ce titre entêtant, on reconnaît la voix d'Olivia Merilahti, connue du grand public comme la moitié du groupe The Dø, dont le morceau iconique "On My Shoulders" semble ancré dans la mémoire collective. Mais ça, ça appartient désormais au passé, comme nous le confirme Prudence.

Prudence, c'est le pseudonyme qu'a choisi la chanteuse pour se réinventer et inaugurer une nouvelle voie artistique où elle s'épanouit seule. Un personnage d'apparence forte, résiliente, à l'esthétique presque futuriste comme on peut le deviner dans le clip de "Never With U". Pour mieux cerner cet alter ego ô combien nébuleux, la principale intéressée a accepté de nous en dire plus sur cette résurrection inattendue. Par email, confinement oblige.

Comment est née Prudence ?

Elle m’est apparue en rêve. Elle est née avant la fin de la dernière tournée de The Dø. Je savais qu’elle allait me guider au travers d’une période de reconstruction vers la lumière.

Pour toi, le chapitre The Dø est-il définitivement bouclé ?

Difficile à dire, pour l’instant, à chacun de faire son chemin individuel, c’est nécessaire et sain. La suite nous le dira.

L'idée de se réinventer sous un alter ego était-elle inévitable pour toi ?

Pas forcément au début, mais elle s’est révélée indispensable pour développer une identité nouvelle, en s’inspirant de personnages forts. C’était une envie artistique qui me permettait aussi d’échapper à mon quotidien très réaliste de jeune maman. Prudence m’a donné un costume. C'est un idéal, une figure mythologique, une héroïne futuriste. Elle n’est pas tout à fait réelle en apparence, mais elle vibre à travers les émotions humaines qu’elle véhicule.

En quoi diffère-t-elle d'Olivia ?

Je dirais que Prudence est dans le collectif, là où Olivia aime rester à l’abri, au calme, sans trop d’interaction avec le monde extérieur. Prudence brave la nuit, les ennemis, les peurs d’Olivia…

Ce premier morceau, "Never with U", se présente comme un titre 100 % pop, totalement assumé. C'était ta volonté d'inaugurer cette nouvelle étape de ta carrière avec un titre aussi marqué ?

Oui, "Never With U" n’est qu’une facette de l’album à venir mais il fallait que Prudence débarque en puissance, sans frapper à la porte. Ce morceau est né en réaction à des expériences vécues, où j’ai réalisé pour la première fois que je ne pouvais plus m’apprêter sans qu’on pense que je cherche à séduire, surtout dans des sphères très masculines. J’avais besoin d’une certaine brutalité. Il s’affranchit volontairement de ce que j’ai pu faire auparavant. Il est en quelque sorte la déclaration d’indépendance de Prudence.

La pop radiophonique m’a toujours plu et je ne m’en suis jamais cachée. C’est l’aspect addictif et fédérateur de la pop mélodique qui me fascine, elle est toujours en mutation.

 

De The Dø à Prudence, Olivia Merilahti raconte sa renaissance

Pour ce premier clip, tu as choisi une esthétique très cyberpunk, qui rappelle des univers à la Blade Runner. Pourquoi ces influences-là ?

C’est un peu une suite logique, j’ai toujours aimé attribuer un personnage pour incarner ma musique. À chaque album son avatar, en quelque sorte. Pour celui-ci il s’agissait d’un personnage assez anachronique, à la féminité à la fois affirmée et mystérieuse, évoluant dans un contexte post-apocalyptique évident. Blade Runner a été une influence forte, mais les mangas 80's comme Cat’s Eyes et Ghost in the Shell m’ont aussi beaucoup inspirée.

Tu as un album en préparation, prévu pour la rentrée prochaine. À quoi peut-on s'attendre ? Comment tu décrirais ce nouveau projet ?

L’album est pensé comme un ensemble, chaque titre a son univers. Même si j’essaie de fabriquer des ensembles cohérents, mon envie d’être émotionnellement riche prend finalement le dessus et aboutit a quelque chose d’assez multiple, multicolore. C’était un défi de trouver de nouveaux mécanismes créatifs après dix ans dans un même groupe, mais je suis contente du résultat. Il m’est très personnel.

Du coup, tu exclues toute collaboration ?

C’est une envie mais je ne force rien. L’identité de Prudence se révèle à peine, je préfère laisser les choses se faire naturellement. Le confinement permettra sans doute des rapprochements inattendus et géniaux !

Crédit photos : Julie Trannoy