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Jardinier et naturiste : "Pour moi, c'est la liberté"

Par Samy Laurent le 02/05/2020
jardinage naturiste

Pour la journée mondiale du jardinage naturiste, TÊTU a interrogé Swandy, jardinier... et naturiste !

Vous le ne saviez peut-être pas, mais ce samedi 2 mai 2020, c’est la Journée mondiale du jardinage nu.  Loin de prôner l'exhibitionnisme, cette journée vise surtout à améliorer la perception que l’on peut avoir de notre corps et initier la société au mode de vie naturiste. Et qu'on ait trois hectares ou quelques jardinières, le confinement semble être l'occasion parfaite pour se prêter à cette activité méconnue mais libératrice, si l'on en croit ses adeptes.

TÊTU a pu discuter avec Swandy Wenker, un paysagiste-jardinier de 33 ans qui a trouvé dans le naturisme un véritable moteur de bien-être. Depuis son jardin dans sa maison familiale de Fontainebleau, où la nature l’entoure depuis ses plus jeunes années, il nous explique comment le jardinage est devenu sa passion, et le naturisme, un art de vivre.

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“J’ai toujours été quelqu’un de très libre et le fait de se dénuder renforce ce sentiment.”

Il existe des passions qui sont comme des madeleines de Proust. Des hobbies de notre enfance, qui reviennent sans prévenir, et prennent d'un seul coup toute la place. Pour Swandy, c'était le jardinage : "Ma mère est passionnée de plantes, on jardinait beaucoup ensemble quand j'étais petit. J'ai eu la chance de grandir dans un jardin très entretenu. J'ai commencé des études en langues étrangères, et puis j'ai tout arrêté : l'évidence, c'était les plantes."  

Mais s'il a assumé rapidement son attrait pour les pivoines, le lin de Nouvelle-Zélande ou les agapanthes, Swandy a découvert, bien plus tard, une autre façon de jardiner. A l'été 2016, il se rend à Berlin, et voit son rapport à la nudité bouleversé : “Là-bas, il y a une vraie culture du naturisme. La culture du corps est relativement libre”, se rappelle t-il. Mais c’est l’année d’après qu’il saute vraiment le pas. Dans le sud de la France, au large des côtes de la ville de Hyères, il existe un petit paradis pour ceux qui souhaitent vivre en harmonie parfaite avec la nature, le temps d’une saison : l’île du Levant. “Dans cette nature hyper préservée, je pouvais être encore plus en accord avec qui je suis”, explique t-il. Car pour Swandy, le fait d’être nu a encore plus de sens en pleine nature : “Il y a une véritable harmonie, une notion de liberté. J’ai toujours été quelqu’un de très libre et le fait de se dénuder renforce ce sentiment.” 

Contrainte sociale

Aujourd’hui, le jeune homme travaille principalement dans la capitale et n’hésite pas à retirer quelques couches de vêtements, une fois la belle saison arrivée. “L’été sur les toits de Montorgueil ou Montmartre, c’est un vrai plaisir de retirer son t-shirt et de jardiner”.  Mais conscient de la contrainte sociale en pleine ville, Swandy n’exerce pas non plus son métier en tenue d’Adam. Et rares sont les fois où le jeune homme a pu allier son art de vivre à son activité professionnelle. 

J’ai rencontré un parisien sur l’Île du Levant. Il avait acheté une maison là-bas, et voulait faire appel aux services d'un paysagiste pour repenser son jardin. Le rendez-vous s’est fait complètement nu. C’était très naturel,  et très professionnel !” Le naturisme, il l'exerce donc dans des lieux urbains dédiés, comme le Bois de Vincennes ou certaines piscines, où il retrouve des amis qui partagent sa vision de la nudité. 

Améliorer les relations humaines

En effet, pour lui, comme pour de nombreux adeptes, le naturisme a le pouvoir de valoriser et améliorer les relations humaine. “Un vêtement, par son étiquette, sa forme, devient une vraie barrière sociale, explique-t-il, il 'marque' les gens de manière très forte. Une fois qu’il n’existe plus, cela brouille le modèle social et nous permet d’échanger avec des profils très variés."

Mais dans la société française, un peu trop pudique, il est encore difficile de faire comprendre le naturisme au plus grand nombre. “Il y a un rapport à la nudité qui est assez compliqué dans notre société, explique le jardinier-paysagiste, Il existe un culte du corps qui demande de s’assumer mais d’un autre côté, on s’impose encore beaucoup de contraintes”. 

Des contraintes très présentes dans la communauté gay où le corps parfait demeure encore un standard, selon lui.  “Chez les gays, il y a une vraie recherche de performances autant corporelle que sexuelle”, considère le jardinier-paysagiste. “Le fait d’être gay n’est pas un tremplin vers le naturisme. Cela dit, davantage de gays sont peut être attirés par le naturisme parce qu'ils sont en quête de liberté”, s'interroge Swandy, “Beaucoup ont souffert de l’isolement de par leur sexualité, et le naturisme permet sans doute de s'affranchir, de s’évader un peu”. 

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Un "travail sur soi"

Pour autant, tout le monde n'est pas toujours prêt à passer le cap. Surtout à cause de la sexualisation de la pratique, explique le paysagiste : “beaucoup de gens qui viennent me voir pour me faire part de leur blocage voient le naturisme comme quelque chose de sexuel. Je leur répond simplement que le naturisme c’est l’envie d’exprimer sa liberté. Il faut essayer de mettre de côté cette sexualisation, et de voir la nudité de manière neutre. C’est un vrai travail à faire sur soi." 

Et même si le jeune homme souffre encore de quelques préjugés, notamment sur son compte Instagram ; il note tout de même que la société avance sur le rapport au corps... et à fortiori, à la nudité. “Lorsqu’on prend l’exemple de la lutte contre la grossophobie par exemple, il y a désormais cette envie de dire ‘je m’assume comme je suis’”, un principe similaire au mode de vie naturiste. “Il y a une envie collective de liberté, sous toutes ses formes. poursuit-il. 

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Liberté d'autant plus nécessaire à tous en période de confinement ? "Le contexte est très favorable pour essayer de jardiner nu. On est cloîtré chez nous, on se redécouvre son corps, son intérieur, son extérieur. C'est le moment idéal pour essayer, si on le peut!" Il y a quelque chose d’assez humain avec le naturismeconclut-il. Et l'humain, c'est vrai qu'en ce moment, c'est ce qui nous manque le plus. 

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Retrouvez Swandy Wenker sur Instagram et sur son site internet