tribune150 intellectuels unissent leurs voix dans une tribune qui va faire couler beaucoup d'encre

Par Florian Ques le 08/07/2020
tribune

Écrivains, artistes et autres journalistes craignent que les mouvements de libération sociale en cours conduisent à une uniformité du débat. Ils unissent leurs voix dans une lettre ouverte.

Dans le sillage de #MeToo et Black Lives Matter, une partie de la sphère intellectuelle s'inquiète. En effet, dans une récente tribune traduite et partagée par Le Monde, plus de 150 signataires issus des milieux littéraire, artistique ou encore journalistique font part de leur scepticisme vis-à-vis des retombées de ces mouvements sociétaux. Selon eux, le problème n'est pas dans la dénonciation de dérives racistes, sexistes ou homophobes, mais bel et bien dans la façon trop catégorique dont ces actes sont condamnés, pouvant causer une stérilité du débat public.

Au gré de leur argumentaire, les personnes impliquées dans cette prise de parole déplorent un phénomène de censure croissant, soulignant une "intolérance à l'égard des opinions divergentes", un "goût pour l'humiliation publique et l'ostracisme" ainsi qu'une "tendance à dissoudre des questions politiques complexes dans une certitude morale aveuglante".

Une discussion à avoir

C'est ici la "cancel culture" qui est mise à mal, soit cette tendance presque réflexive à "annuler" (comprendre exclure et ignorer) une personne dès lors qu'elle a tenu des propos ou commis un acte jugés répréhensibles par une communauté. Cette façon de gérer les avis divergents fait polémique, dans le sens où ces condamnations express peuvent couper court à tout débat et, ainsi, nuire à toute conversation sociétale autrement nécessaire. "Pour vaincre de mauvaises idées, il faut les exposer, argumenter et convaincre, estiment les intellectuels derrière la tribune, et non pas essayer de les taire ou espérer qu'elles disparaissent".

Néanmoins, l'idée générale de cette lettre ouverte est déjà diluée par certains réfractaires, reconnaissant que même si les méthodes de la "cancel culture" sont sujettes à débat, celle-ci permet de donner la parole à des minorités trop souvent opprimées et invisibilisées dans l'espace médiatique.

Parmi les signataires de cette tribune, on repère une flopée de noms internationaux dont certains familiers, tels que l'autrice Margaret Atwood (The Handmaid's Tale), la militante féministe Gloria Steinem ou encore notre grande amie J. K. Rowling. La contribution de cette dernière à ce texte n'est pas si surprenante que ça puisqu'elle a une énième fois été épinglée pour ses propos transphobes et s'est ainsi vue ciblée par la fameuse "cancel culture" qu'elle dénonce activement.

À LIRE AUSSI – J. K. Rowling compare la prise d’hormones des personnes trans aux thérapies de conversion

Crédit photo : Scott Graham via Unsplash