mondeÉtats-Unis : Joe Biden choisit comme colistière Kamala Harris, une défenseure des droits LGBT+

Par Nicolas Scheffer le 12/08/2020
Kamala Harris

Le candidat démocrate Joe Biden a choisi Kamala Harris pour devenir sa colistière et vice-présidente en cas de victoire. La femme politique est connue pour ses combats pour les droits des personnes LGBT+.

Retenez bien son nom, Kamala Harris. Celle qui fut candidate à l'investiture démocrate pour la présidentielle de novembre aux États-Unis, vient d'être choisie par Joe Biden pour être sa collistière. L'ancienne procureure et sénatrice de Californie est la première Afro-américaine, d'un père immigré jamaïcain et d'une mère indienne, à pouvoir revendiquer le poste de vice-présidente en cas de victoire démocrate. Elle est aussi une militante des droits des personnes LGBT+.

Défensseure du mariage pour tous

Son fait d'armes remonte à 2010, lorsqu'elle cherche à devenir procureure générale de Californie. Deux ans plus tôt, la Cour suprême a autorisé le mariage pour tous dans l'État de la côte Pacifique. Mais un référendum d'initiative populaire, la Proposition 8, vise inscrire dans la Constitution californienne la limitation du mariage aux couples hétéros. Elle fait campagne contre.

Le référendum est approuvé par les électeurs, mais il est toutefois déclaré inconstitutionnel. Les mariages de couples de même sexe restent interdits jusqu'en 2013. À cette date, Kamala Harris savoure sa victoire et célèbre le premier mariage post-Proposition 8 en Californie.

"Je me bats depuis des années pour les droits des personnes transgenres"

Elle est toutefois critiquée alors qu'elle défend l'État californien, attaqué par une détenue transgenre à qui l'État a refusé l'accès à une chirurgie d'affirmation de genre, note The Advocate. Elle s'est défendue en arguant qu'en tant que procureure générale, elle devait défendre les intérêts de la pénitentiaire et que dans la coulisse, elle s'est battue pour que les détenus puissent avoir accès à ces chirurgies.

"Je me bats depuis des années pour les droits des personnes transgenres, pour la dignité des personnes transgenres"disait-elle lors d'un entretien avec l'Association nationale pour l'égalité des personnes transgenres (National Center for Transgender Equality). "J'ai été sensibilisée depuis longtemps par ma connaissance de ce que vivent ces personnes au jour le jour, ce qu'elles doivent endurer avec la peur au ventre, ce qu'elles doivent endurer à cause d'un accès inéquitable à tout : depuis l'emploi jusqu'à une loi leur facilitant l'accès à l'assurance santé ou encore l'accès au logement", poursuivait-elle en 2019. Elle a par ailleurs mis en place une unité contre les crimes de haine au sein de son bureau, lorsqu'elle était procureure du district de San Francisco en 2004.

Lutte contre le VIH

Lorsqu'elle devient sénatrice, elle est à l'origine d'une proposition de loi pour rendre obligatoire la couverture, par les assurances, de la prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP). Elle s'est aussi fait remarquer lorsqu'elle interroge Brett Kavanaugh, candidat à la Cour suprême.

"Est-ce que vous pouvez citer une loi qui donne le pouvoir au gouvernement de prendre des décisions sur le corps des hommes ?", demande-t-elle devant Brett Kavanaugh embêté de ne pas avoir de réponse. Elle lui a aussi posé une question sur le mariage pour tous. Ces questions percutantes lui ont valu un commentaire de la part de Donald Trump : elle est "incroyablement méchante". Rude.

Favorable à une loi d'Égalité

Alors qu'elle était candidate à l'investiture démocrate, elle s'est positionnée pour la décriminalisation de la prostitution. Elle s'est montrée favorable à une loi d'Égalité, à la proposition de Barack Obama d'interdire le financement de programmes fédéraux discriminant les personnes LGBT+, elle s'est prononcée contre l'interdiction des personnes trans dans l'armée. Et s'est engagé à se battre pour l'égalité des personnes LGBT+ dans le monde.

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Les réactions positives à l'annonce de Joe Biden ne se sont pas fait attendre. Alphonso David, le président de Human Rights Campaign a déclaré que "la sénatrice Kamala Harris n'est pas moins qu'un choix exceptionnel pour la vice-présidence. Pendant sa carrière fulgurante, elle a été une avocate acharnée de la communauté LGBT+. Elle s'est battue à nos côtés, même au sein de son parti".

"Kamala Harris pense que toutes les personnes devraient être traitées de la même manière, sans considération de son sexe, de son genre, de sa race (sic) ou de son handicap - et elle a concentré sa carrière à donner une réalité à ces principes", a ajouté Rahna Epting, la directrice exécutive de MoveOn.

"En tant que première femme noire procureure générale de Californie, tout comme en tant que première sénatrice noire de Californie, elle est habitée par l'audace et la résilience. Elle a le courage de poser les question difficile et réalise le travail. Les positions de Kamala Harris, ses combats, ses années d'expérience feront d'elle une dirigeante efficace des États-Unis", insiste Shaunna Thomas, la directrice exécutive de l'UltraViolet Action. C'est ce qui s'appelle des louanges.

"Aucun des deux n'est Trump !"

Coté people, de nombreuses personnalités LGBT+ ont salué le ticket démocrate. Comme l'acteur ouvertement gay Ben Platt (The Politician) qui a dit "adorer le fait qu'aucun des deux ne soit Trump".

L'ex-lieutenant Sulu de la série originale Star Trek estime quant à lui que la candidature Biden/Harris va "commencer à guérir la nation. De la dévastation du virus au racisme systémique, de l'effondrement économique à la crise climatique imminente, nous avons choisi deux grands leaders qui nous élèveront ensemble, vers un nouvel avenir, vers une nouvelle Amérique", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Quant à Mary Trump, la nièce ouvertement lesbienne de l'actuel président, elle veut "récupérer son pays". Elle en est persuadé, "Kamala Harris sera la prochaine vice-présidente" des États-Unis.

 

 

Crédit photo : Capture d'écran Twitter / @JoeBiden