cinéma"Miss", entretien croisé avec Ruben Alves et Alexandre Wetter : "Je n’ai pas envie de vos cases !"

   Quand le cinéma populaire s’empare des questions queers, souvent on serre les dents. Au mieux, on esquisse un sourire gêné devant les maladresses que provoquent les meilleures intentions. À croire que les nuances du sujet, la subtilité du regard que ces vies complexes nécessitent, seraient incompatibles avec la communion universelle et l’engouement généreux que…

Crédit photo : Sébastien Vincent

   "Miss", entretien croisé avec Ruben Alves et Alexandre Wetter : "Je n’ai pas envie de vos cases !"Quand le cinéma populaire s’empare des questions queers, souvent on serre les dents. Au mieux, on esquisse un sourire gêné devant les maladresses que provoquent les meilleures intentions. À croire que les nuances du sujet, la subtilité du regard que ces vies complexes nécessitent, seraient incompatibles avec la communion universelle et l’engouement généreux que suppose un film grand public. En un peu moins de deux heures, Miss de Ruben Alves renverse tout et prouve avec force et élégance la possibilité d’un autre cinéma. Le rêve d’Alex, jeune boxeur rêvant depuis l’enfance de devenir Miss France, devient la force d’un film résilient qui affronte son sujet, ses zones d’ombre, avec nuance et humour. L’émotion qui grandit et nous gagne tout au long de ce parcours de vie atypique, c’est aussi celle de voir un film qui pense le singulier comme un schéma universel, qui fait d’Alex et de sa fluidité de genre une figure héroïque. C’est encore celle de la révélation folle d’un acteur, Alexandre Wetter, d’un corps nouveau qui bouscule, interroge, séduit, jamais objet mais sujet puissant, inspirant, d’un regard nouveau.

Par Renan Cros le 05/02/2021