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télévisionMarie Papillon nous fait découvrir les coulisses de sa première série, "Marie et les choses"

Par Antoine Patinet le 11/02/2021
Marie Papillon

Notre instagrameuse préférée Marie Papillon tourne actuellement sa première série pour Téva, Marie et les choses. Une fiction inspirée de la vie de sa créatrice dans laquelle elle campe – évidemment – une jeune femme lesbienne, particulièrement sensible aux objets qui l'entourent… Récit d'un tournage 100% golri.

"Bon, dès que l'avion est passé, on reprend." "Où est-ce qu'ils partent encore ces enfoirés ? Au Mexique ?", balance Marie Papillon du tac au tac, dans l'hilarité générale. Il faut dire que les vacances, Marie Papillon en est loin. Il y a une dizaine de jours, elle a attaqué le tournage de Marie et les choses, une série de 50 mini-épisodes pour la chaîne Téva.

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Le Studio Maurice, que les afficionados de la lesbienne la plus drôle d'Instagram connaissent bien puisque c'est là que se passe une grande partie des vidéos de la jeune femme, a été complètement réinventé pour l'occasion. En bas, le catering et l'espace make-up. En haut, le plateau, transformé en appartement à la déco un poil vieillotte, rempli d'objets insolites, qui ont tous la même caractéristique : si on les regarde bien, on peut y déceler des visages. Dans la cuisine, deux capsules Nespresso posées au dessus du bec verseur d'une cafetière italienne en font un petit bonhomme atypique. Juste à côté, un sucrier rond fait penser à Pac-Man et un petit photophore rappelle vaguement un personnage de Miyazaki.

Des objets comme la conscience

C'est tout le concept de la série Marie et les choses. Comme elle le fait déjà sur Instagram, l'autrice, co-réalisatrice et interprète de ces épisodes de deux minutes donne la parole à des objets humanisés qu'elle double. Il y a le porte-savon qui, lui aussi, voudrait avoir quelqu'un qui l'aime, l'interrupteur qui lui dit tout le temps qu'elle est mal fagotée, les poubelles qui l'encouragent à faire le tri, ou le briquet qui a une histoire d'amour (gay) avec une bougie. "L'idée, c'est que la conscience du personnage se traduit à travers des objets", décrit Marie Papillon. Les objets de son intérieur sont plutôt des alliés, ils l'aident dans ses décisions quotidiennes et peuvent avoir une histoire propre. Mais à l'extérieur, ils la taquinent".

Quand on se prend deux minutes pour Augustin Trapenard et qu'on lui demande si finalement, la paréidolie (ce petit trick du cerveau qui nous permet de voir des visages dans les objets) n'est pas un symptôme de la solitude contemporaine, la comédienne se marre : "T'es en train de dire que je suis folle c'est ça ?" Folle, non. Mais tout le monde ne voit pas toujours les visages dans ces objets en apparence anodins.

Des visages et des peoples

"Il y a des gens qui ne voient pas du tout les visages dans les objets, explique Marie. J'ai une abonnée sur Instagram qui m'envoie toujours des objets qui n'ont PAS de visage. Ça me fait rire à chaque fois. Mais peut-être qu'elle voit des choses que moi je ne vois pas…". Pour cette série destinée à un large public, elle s'est donc assurée que tous les objets aient des visages reconnaissables. Sa communauté lui a envoyé beaucoup de ses "choses" : "ça me donne l'impression qu'ils sont un peu avec moi". Et parfois, ce sont même des peoples qui les doublent. Stéphane Bern, Camille Combal… et d'autres, encore plus surprenant·e·s. Cet après-midi, on espère croiser une star de la fin des années 1990. "Ne mettez pas son nom dans l'article, s'il vous plaît. C'est une surprise !" 

Entre deux scènes, Marie amuse la galerie. Quitte à se faire gentiment engueuler par l'ingé son. "Fais gaffe Marie, c'est hyper fragile", souffle-t-elle alors qu'elle empoigne un micro pour mimer l'animatrice radio. "Je suis dissipée. Faut toujours que je fasse des bêtises." Mais quand la caméra tourne, fini de déconner. On découvre alors sur le moniteur une actrice convaincante, aussi à l'aise sur un plateau que dans l'improvisation à laquelle elle nous a habitué·e·s.

Un personnage ouvertement lesbien

Car s'amuser n'est qu'une des nombreuses raisons qui ont poussé la jeune femme à se lancer dans ce projet de série. "La première, c'est l'argent, évidemment", plaisante-t-elle. Mais surtout de faire passer des messages doucement militants, comme elle le fait déjà sur Instagram. Sur la féminité, le sexisme ordinaire, l'écologie et, évidemment, l'homosexualité. "Je n'avais pas du tout envie d'aborder le thème de l'amour d'un point de vue hétérosexuel." La représentation lesbienne – et a fortiori LGBTQIA+ – manque à la télé française. "À part Dix Pour Cent, je ne vois pas" – et Dix Pour Cent n'est ni écrite, ni réalisée par une lesbienne. Son personnage sera donc ouvertement lesbien. Dans une optique de banalisation. "J'avais envie de montrer que deux filles peuvent avoir une histoire d'amour, explique-t-elle. Et que les messages qu'on s'envoie, les réactions que l'on peut avoir, sont exactement les mêmes pour les hétéros et les homos." Et la chaîne qu'en pense-t-elle ? "Téva a été ok sur tout.  C'est une chaîne féminine, super ouverte".

Féminine, son équipe aussi l'est quasi à 100%. "C'était important pour moi de mettre des femmes à des postes importants. La réalisatrice, la chef op, l'ingé son, la décoratrice…" Marie Papillon est une femme qui associe la parole aux actions. D'ailleurs, elle bouge sans cesse, et quand le photographe qui nous accompagne demande si "on peut faire des photos plus posées", elle se crispe. Privée de son débit mitraillette et de la déconne, Marie est moins à l'aise. On dirait même presque qu'elle est timide. Quand on lui fait remarquer, elle répond "j'essaye de faire ça bien", avant d'être sauvée par l'éclairagiste qui demande si elle peut débrancher les néons qui pendent au dessus de sa tête. Minute, papillon, on a presque fini.

Crédit photo : Yann Morrison pour TÊTU ...