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sériesOn a parlé représentation LGBTQ+ et rom-com avec le showrunner de "Love, Victor"

Par Florian Ques le 22/02/2021
Love, Victor

Alors que le spin-off de Love, Simon débarque enfin sur Disney+ en France via sa nouvelle section Star, son coproducteur Brian Tanen revient sur l'importance d'avoir un protagoniste homosexuel à la tête d'une série mainstream pour ados.

Un teen show où le personnage principal est un garçon gay, ça relève tout de même d'une belle victoire. C'est ce que propose Love, Victor, la série dérivée du long-métrage Love, Simon sorti en 2018. Aussi attendrissante que son aîné, elle explore le quotidien d'un ado en proie à un questionnement identitaire. Diffusée à l'été 2020 aux États-Unis, voilà qu'elle est enfin ajoutée au catalogue de Disney+ grâce à sa section plus "adulte" appelée Star, inaugurée ce 23 février. Pour fêter ça, TÊTU a échangé avec son showrunner Brian Tanen pour mieux saisir l'importance d'une telle fiction sur le petit écran.

Love, Victor est un peu la série que tous les gays adultes auraient aimé avoir durant leur adolescence. Était-ce pour vous un moyen de corriger cette erreur et pallier à un manque ?

Je dis souvent que j'aurais aimé qu'une telle série ait existé quand j'avais l'âge de ses personnages. Même si je l'aurais sans doute regardé en douce parce que la question de l'homosexualité me faisait encore peur à l'époque [rires]. Globalement, je pense que c'est important, surtout pour les jeunes qui questionnent leur identité, de se voir représentés à l'écran. Ça leur donne le courage de faire leur coming out et mener une vie authentique. On a vu pas mal d'engagement sur les réseaux sociaux auprès des jeunes. J'ai travaillé pendant un moment pour la télévision et c'est la première fois que j'ai vu des retours aussi positifs.

On a parlé représentation LGBTQ+ et rom-com avec le showrunner de "Love, Victor"
Crédit photo : Disney+

Les ados de nos jours peuvent effectivement trouver beaucoup plus de représentation. Était-ce plus compliquée pour vous de comprendre votre identité queer sans cet atout ?

Je pense que les gens LGBTQ perçoivent qu'ils sont différents assez jeunes, mais ce n'est que plus tard, au lycée ou au collège, qu'ils commencent à utiliser des mots pour définir ce qu'ils ressentent. Et je pense que toute représentation positive leur facilite les choses. J'ai été chanceux d'avoir un coming out qui s'est relativement bien passé, mais je n'étais pas prêt avant le début de mes années fac. Selon moi, c'est une bonne chose si les gens peuvent s'accepter le plus tôt possible, tant que c'est safe pour eux. Ce qui me réjouis aussi, c'est de voir que les parents sont beaucoup plus ouverts sur ces questions-là aujourd'hui.

Y a-t-il des films ou des séries qui vous ont aidé à mieux comprendre votre homosexualité ?

Déjà, j'aimais tout simplement consommer tout contenu qui avait un angle LGBTQ. Je pense par exemple à Beautiful Thing que j'avais beaucoup aimé, ou encore Le Talentueux Mr Ripley qui parle d'une obsession gay. Concernant les comédies romantiques, on nous a gavés d'histoires hétéros pendant tellement de temps que je me devais de regarder les alternatives queers, même si elles étaient moins "qualitatives".

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C'est rafraîchissant de voir dans Love, Victor que le héros est gay et que son meilleur ami est hétéro. Selon vous, est-ce que changer ces dynamiques revient à renouveler le genre adolescent ?

J'ai travaillé pour la télévision pendant environ quinze ans et je n'ai jamais bossé pour une série où le personnage principal était gay. C'était toujours une trame secondaire. Et je pense qu'il y a quelque chose de révolutionnaire dans le fait de centrer la narration autour d'un personnage gay, d'autant plus à travers son propre regard. C'est différent et important.

Ces dernières années, il y a une vraie recherche d'authenticité dans les médias et l'idée d'offrir la parole aux concernés devient primordiale. Était-ce le cas avec Love, Victor ?

Love, Simon racontait une histoire spécifique : celle d'un garçon blanc, possédant certains privilèges, entouré de parents libéraux. Même si je trouve le film génial, il montrait une histoire particulière de coming out. Ici, on a eu l'opportunité de raconter autre chose. On a fait appel à un certain nombre de scénaristes latinx pour que cette histoire soit racontée de façon authentique.

On a parlé représentation LGBTQ+ et rom-com avec le showrunner de "Love, Victor"
Crédit photo : Disney+

Dans le huitième épisode de la saison, Victor s'envole à New York et découvre la diversité du spectre LGBTQ+. Quelle était votre volonté avec cet épisode particulier ?

J'ai écrit cet épisode et c'est mon préféré de la saison ! Victor a ici l'occasion de voir une expérience plus adulte au sein d'une communauté progressive, elle-même au sein d'une ville très progressive. Il s'agissait vraiment de répandre l'idée que "ça ira mieux". Qu'être gay ne va pas compliquer sa vie. Mieux encore, qu'être gay peut rendre sa vie encore plus belle. Être gay a enrichi et amélioré ma vie à bien des égards. C'était important de monter qu'à un certain point, sa vie n'allait pas se résumer à se sentir comme une anomalie au lycée.

Dans cet épisode, Victor admet ne pas savoir trouver sa place au sein de cette communauté qui a l'air de changer continuellement. Et c'est un constat qu'on peut faire chez beaucoup d'hommes gays aujourd'hui.

C'est sûr ! C'est une question qui revient souvent : où ai-je ma place ? Pas seulement dans le monde, mais aussi au sein même de ma petite communauté. Les hommes gays sont souvent représentés de la même manière à la télévision. On voit souvent le trope du meilleur ami drôle ou passionné par les fringues. Et alors, que se passe-t-il si je ne suis pas marrant ? Ou si je ne comprends rien à la mode ? [rires]. Ce sont de vrais questionnements. Mais au final, Victor réalise qu'il n'y a pas qu'une seule façon d'être gay et qu'il ne doit pas non plus avoir peur des choses qu'il n'est pas. Il faut surtout rester ouvert d'esprit et accepter les autres comme ils sont pour être soi-même accepté.

Crédit photos : Disney+