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livresJohn Waters : "La colère sans humour, ça ne sert à rien, c’est de la bêtise"

Par Renan Cros le 18/08/2021
John Waters

ENTRETIEN. John Waters choque, John Waters révulse, John Waters fascine. À 75 ans, le réalisateur américain est toujours capable de dynamiter la bienséance et le bon goût.

Interview Renan Cros
Photo Greg Gorman

De la fin des années 1960 jusqu’à l’orée des années 2000, John Waters a secoué le cinéma américain, de l’underground à Hollywood, avec ses histoires scabreuses, ses égéries bizarres et son goût raffiné du mauvais goût. Desperate Living, Polyester, Female Trouble, Hairspray, du cinéma punk, gay, queer, qui frissonne déjà de dégoût à l’idée qu’on lui colle une étiquette. Et c’est peut-être ça qui fascine et séduit encore aujourd’hui. Derrière la provocation et les doigts d’honneur à la bienséance, il y a l’énergie joyeuse d’une contre-culture qui voudrait rassembler tout et tout le monde dans un furieux éclat de rire bête et méchant. Du cinéma de sale gosse qui aurait trouvé le secret de l’éternelle jeunesse.

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Reconverti en écrivain railleur et rigolo, Waters sort Monsieur Je-sais-tout : conseils impurs d’un vieux dégueulasse (aux éditions Acte Sud), un faux livre de mémoire, une sorte d’anti-guide pour apprenti cinéaste dans lequel il ironise sur ses échecs, s’amuse de l’Amérique et de sa pudibonderie, célèbre la France, qui l’adore, et émeut, soudain, quand il évoque la mort de son égérie et amie, la grande Divine. Aujourd’hui encore, à 75 ans, John Waters a toujours l’art, méchamment drôle, d’être contre. Alors, forcément, on avait envie de passer un moment – même par téléphone – avec lui. De sa voix délicatement éraillée, ce gentleman du mauvais goût règle son compte à l’époque et nous donne deux-trois conseils de son cru pour être toujours plus libres. À prendre au sérieux, ou pas....