Critiquée par les conservateurs pour avoir parlé de "personnes qui ont leurs règles" plutôt que de "femmes" dans un débat sur l'avortement, l'élue américaine démocrate leur a rappelé que les hommes trans et les personnes non-binaires peuvent également avoir des cycles menstruels.
Elle persiste et elle signe. Alexandria Ocasio-Cortez, aka AOC, élue démocrate de New York à la Chambre des représentants américaine, ne cède rien concernant l'identité de genre. Et quand un tabloïd britannique lui reproche de parler de "personnes qui ont leurs règles" au lieu de "femmes", elle donne au journal une leçon magistrale.
En l'occurence, l'élue s'opposait à la loi rétrograde du gouverneur du Texas, Greg Abbott, interdisant l'avortement au-delà de six semaines de grossesse. AOC a rétorqué que de nombreuses personnes ne savent même pas qu'elles ont démarré une grossesse après six semaines, qui pourraient correspondre à un banal retard de cycle. "Je ne sais pas s'il (le gouverneur texan) est familier avec le corps de quelqu'un qui a ses règles", s'est-elle écriée dans une interview à CNN. "Cette loi cherche à contrôler le corps des femmes et des hommes qui ne sont pas cisgenres. C'est faire en sorte qu'une femme comme moi, ou n'importe quelle personne qui a ses règles, ne peut pas prendre des décisions d'elle-même à propos de son propre corps", a-t-elle ajouté.
La sempiternelle binarité des conservateurs
Une pique que les proches des Républicains n'ont même pas cherché à comprendre avant de critiquer la précaution prise par l'élue démocrate d'inclure dans son discours les hommes trans et les personnes non-binaires. Dana Loesch, animatrice d'une radio conservatrice, considère sur Twitter qu'il est "difficile de dire que (la loi) est une attaque contre les femmes quand dans le même temps, vous leur déniez leur existence en parlant de 'personnes qui ont leur règles'". "C'est incompréhensible de voir à quel point la logique des gens comme AOC s'est perdue. Vous pouvez l'entendre dans sa tête penser qu'au lieu de dire 'femme', il faut dire 'personne qui a ses règles'", a abondé dans son émission Clay Travis, l'homologue américain de notre Pascal Praud national.
"Les hommes trans et non-binaires peuvent aussi avoir leurs règles"
"AOC appelle les femmes 'des personnes qui ont des règles' lorsqu'elle évoque le corps des femmes", s'insurge le Daily Mail dans un titre relayé ce mercredi 8 septembre par la représentante du Bronx. Et AOC de rappeler que "les hommes trans et non-binaires peuvent aussi avoir leurs règles. (...) Certaines femmes n'ont également pas leurs règles pour de nombreuses raisons, comme celle d'avoir subi une ablation de l'utérus à cause d'un cancer. Les critiques venues des Républicains promeuvent cette idée patriarcale que les femmes ont plus de valeur lorsqu'elles disposent d'un utérus". Dans un second tweet, la parlementaire insiste : "Les personnes trans, bispirituelles et non-binaires ont toujours existé et existeront toujours. Les gens peuvent rester aigris, ou alors ils peuvent grandir", cingle-t-elle.
Not just women! Trans men & non-binary people can also menstruate.
Some women also *don’t* menstruate for many reasons, including surviving cancer that required a hysterectomy.
GOP mad at this are protecting the patriarchal idea that women are most valuable as uterus holders. pic.twitter.com/BJovcw1qPa
— Alexandria Ocasio-Cortez (@AOC) September 8, 2021
Un rappel largement applaudi sur le réseau social. "Franchement, le meilleur moment de mon ablation d'utérus, c'est quand j'ai pu entendre que le parti Républicain ne me considère plus comme une femme désormais", écrit Tempest. "Merci AOC de nous inclure ! C'est incroyable de voir que les personnes non-binaires, intersexes ou les hommes trans sont inclus dans les débats sur l'avortement, les règles ou la grossesse. Nous allons continuer et ceux qui ont un problème avez cela, allez vous faire voir !", enchérit Cinna Lozano qui se définit comme agenre. "Restez forte AOC, en tant que Britannique, ces titres sont ceux que nous avons eus dans les années 1980 dans le Daily Mail et le Sunday Paper", avance encore Woolly masters, archive à l'appui : "20.000 personnes infectées... et cela empire. La Grande-Bretagne menacée par la peste du virus gay"…