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streaming"Somebody Somewhere" sur OCS : une série queer drôle, touchante et originale

Par Florian Ques le 17/03/2022
"Somebody Somewhere" sur OCS : une série drôle et touchante sur les marginaux

À peine achevée sur HBO aux États-Unis, la saison inaugurale de la série Somebody Somewhere se distingue comme une pépite inattendue, abordant des thématiques rares à l'écran en prônant des valeurs positives fortes, sans oublier d'être fun et décalée.

Ces dernières semaines, beaucoup d'entre nous n'avions d'yeux que pour Euphoria et ses ados au bord de l'implosion. À raison, la série mérite d'être vue. Mais une autre, diffusée outre-Atlantique sur HBO juste après le hit de Sam Levinson, est passée sous les radars bien qu'elle soit tout aussi méritante. Il s'agit de Somebody Somewhere (en streaming sur OCS), une petite comédie dramatique qui fait la part belle à la communauté queer et, plus largement, aux personnes à la marge.

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Librement inspirée de la vie de sa productrice et actrice principale, Bridget Everett, Somebody Somewhere braque ses caméras sur Sam (campée par Everett, donc), une quadragénaire en pleine crise existentielle après le décès de sa sœur. Morose, son quotidien est ponctué de disputes avec sa mère alcoolique et son autre sœur, boule de nerfs peu compatissante. Mais sa trajectoire prend un tournant bien plus radieux dès lors que Sam renoue avec Joel, un ancien camarade de lycée devenu son nouveau collègue. Ouvertement gay, celui-ci va pousser Sam à sortir de sa routine et lui ouvrir les portes d'un monde dont elle n'aurait soupçonné l'existence…

Communauté queer et bienveillance

Précisément, Joel l'emmène un soir à une prétendue répétition du chœur de l'église où il se rend fréquemment. Dans une pièce dissimulée au sein de l'édifice religieux se cache un havre de bienveillance où personnes queers et alliées se réunissent pour chanter, boire et festoyer. Sam découvre avec émerveillement ce microcosme composé d'individus qui ne se ressemblent pas, seulement unis par le fait qu'ils ne rentrent pas dans le moule que la société voudrait leur imposer.

"Somebody Somewhere" sur OCS : une série queer drôle, touchante et originale
Crédit photo : HBO

Cette scène du premier épisode de la série est le miroir des valeurs portées par Somebody Somewhere tout au long de la saison : la différence comme force plutôt que faiblesse, l'inclusion sans concession et, surtout, le besoin de communauté et d'appartenance à une "famille choisie". Un propos dont la résonance est évidente chez les personnes LGBTQI+, lesquelles sont d'ailleurs bien représentées à l'écran. Avec le personnage secondaire de Fred, un homme trans qui gère les "répétitions" de l'église (interprété par l'humoriste et drag king réputé Murray Hill), mais aussi avec Joel, le fameux acolyte de l'héroïne, qui sort plutôt radicalement des sentiers battus.

De prime abord, Joel ne ressemble pas à la majorité des personnages gays de la télévision : son (excellent) interprète, Jeff Hiller, est particulièrement grand, avec une silhouette fluette et une coupe de cheveux singulière, aux antipodes des athlètes ciselés au brushing impeccable que l'on croise plus fréquemment. Son personnage est en outre présenté comme un homme pieux. Mais – et c'est bien là que Somebody Somewhere fait dans l'originalité – sa foi n'entre jamais en conflit avec sa sexualité. La série aborde un thème peu abordé dans la pop culture : la possibilité de concilier sa foi catholique avec son identité LGBTQI+ sans que ce soit un obstacle à surmonter.

Le Kansas comme on ne l'a jamais vu

Cette représentation paraît d'autant plus important que Somebody Somewhere plante son décor à Manhattan. Non pas le quartier huppé de la Grosse Pomme, mais la petite ville reculée du Kansas, État conservateur du Midwest américain. En brossant un portrait novateur et éminemment positif de l'Amérique profonde, la série de HBO piétine les clichés et montre qu'une vie (relativement) paisible est possible pour les queers sans qu'il y ait forcément besoin pour elles de s'exiler dans les métropoles multiculturelles. Et ça, c'est nouveau.

"Somebody Somewhere" sur OCS : une série queer drôle, touchante et originale
Crédit photo : HBO

Cela dit, tout n'est pas rose dans Somebody Somewhere. L'homophobie est effleurée de façon subtile : Tricia, la sœur hétéro crispée de Sam, avait du mal à accepter l'identité lesbienne de leur défunte sœur Holly. La série parle également d'adultère et d'alcoolisme avec beaucoup de sérieux, mais ne verse jamais dans un ton austère ou catastrophé. Cette première saison de Somebody Somewhere comprend son lot de drama sans pour autant l'exagérer. Au bout du compte, la force de cette dramédie contemporaine est de trouver la beauté dans la simplicité. Une réussite !

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Crédit photo : HBO