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streaming"I Love America" sur Amazon Prime : une comédie romantique gay-friendly convenue

Par Florian Ques le 11/03/2022
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Devant la caméra de Lisa Azuelos (LOL), Sophie Marceau interprète dans I Love America une quinquagénaire en crise qui s'octroie un nouveau départ à Los Angeles aux côtés de son meilleur ami gay. Le résultat : une rom-com légère mais prévisible.

Après avoir fait ses preuves sur le grand écran avec des productions comme LOL ou Dalida, la réalisatrice Lisa Azuelos destine son tout nouveau film à Amazon Prime Video. Disponible à partir de ce vendredi 11 mars en streaming sur la plateforme, I Love America lui permet de renouer avec sa muse Sophie Marceau afin de mettre sur pied une comédie romantique dans l'air du temps, avec Los Angeles (Californie) en toile de fond. Pour un rendu pas aussi contemporain que ce qu'on aurait attendu...

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En quête d'un nouveau départ, Lisa, 50 ans (Sophie Marceau, donc), prend ses valises et délaisse la grisaille parisienne pour le soleil californien. C'est à L.A. qu'elle retrouve son meilleur ami gay, Luka, qui a rencontré le succès aux États-Unis en devenant propriétaire d'un bar où se produisent des drag queens. Lassé de ses propres déboires amoureux, le garçon se donne une mission : aider Lisa à sortir de sa zone de confort afin de donner un coup d'accélérateur à sa vie sentimentale jusqu'ici monotone. Mais pour ça, il faudra d'abord qu'elle travaille sur elle-même. Et surtout sur sa relation avec sa mère...

Sophie Marceau en quinqa amoureuse

Avec ce nouveau long-métrage, Lisa Azuelos poursuit sa fascination pour les relations mère-fille, une thématique qu'elle avait déjà creusée aussi bien dans LOL que dans Mon bébé en 2019 et qui, ici, semble surtout faire référence à son histoire avec sa propre mère, Marie Laforêt. Si bien que I Love America semble divisé en deux parties bien distinctes qui ne se marient pas toujours très bien : d'un côté, l'épopée romantico-comique et de l'autre, le drame familial. Ainsi, l'héroïne du film est fréquemment tourmentée par la figure de sa génitrice, absente durant son enfance et peu habile à communiquer ses émotions. C'est une dimension intéressante à explorer... mais qui détonne assez radicalement de l'atmosphère générale du film, bien plus feel good et légère.

"I Love America" sur Amazon Prime : une comédie romantique gay-friendly convenue
Crédit photo : Amazon Prime Video

Car le reste du temps, I Love America déploie le nécessaire pour être une rom-com moderne... mais pas trop. Réaction attendue de la part d'une célibataire endurcie quinquagénaire, Lisa refuse de se prêter au jeu des applications de rencontre. Sous l'impulsion de son BFF, elle change évidemment d'avis. Le film convoque alors quelques scènes gentiment désopilantes, notamment un rendez-vous foireux avec un inconnu de Tinder, mais gagne réellement en intérêt à partir du milieu du visionnage.

C'est-à-dire dès que John, un beau brun dans sa vingtaine, débarque. Après avoir matché sur une appli, Lisa et lui se rencontrent et entament une idylle d'abord sans accroc... puis plus tumultueuse, à mesure que l'héroïne de I Love America prend conscience de ses complexes qui viennent freiner sa relation. Fait suffisamment rare dans le cinéma français pour qu'il soit remarqué : il est notable de voir une femme dans la cinquantaine trouver l'amour dans les bras d'un homme nettement plus jeune – d'autant plus que l'alchimie est palpable entre Sophie Marceau et Colin Woodell.

Basique représentation gay

Là où le bât blesse en revanche, c'est au niveau de la représentation gay que propose I Love America. De par le personnage de Luka, le film de Lisa Azuelos dépeint la communauté homo comme très sexualisée et décomplexée, peu adepte des relations sérieuses. Bien que cette description corresponde à une réalité – et c'est OK –, elle renforce une étiquette habituelle collée sur les hommes gays.

"I Love America" sur Amazon Prime : une comédie romantique gay-friendly convenue
Crédit photo : Amazon Prime Video

Bref, I Love America se contente de recycler le stéréotype du "meilleur ami gay" sans tenter une quelconque innovation dans son portrait psychologique. Car si l'héroïne du film bénéficie d'un développement conséquent et nuancé, Luka n'a pas le même privilège, restant cantonné à ses coucheries et autres histoires sans lendemain. Après s'être montré excellent en confident avec du répondant dans Tu mérites un amour, Djanis Bouzyani parvient toutefois à élever un minimum le personnage de Luka, lui insufflant suffisamment de sympathie pour qu'on survole en partie son arc narratif décevant.

Au bout du compte, I Love America est une occasion manquée puisque le film aurait une tout autre allure si le scénario avait traité ses deux personnages centraux de façon équitable. Il montre d'ailleurs des petites fulgurances. Comme ce moment où Luka explique à Lisa la tristesse qu'il ressent lorsqu'il se connecte sur Grindr après un date fructueux pour voir si son prétendant s'est remis sur l'application : un cercle vicieux que les usagers de cette application connaissent bien. I Love America aurait gagné à creuser davantage cette authenticité mais le film se révèle en fin de compte aussi conventionnel que son titre. Pas déplaisant, mais oubliable.

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Crédit photo : Amazon Prime Video