Forte d'une première saison au ton absurde pleinement assumé, la série de Nikola Lange et Charlotte Vecchiet fait son retour. Au programme : un complot étonnant, une love story lesbienne et des costumes d'animaux.
Dans la foulée de son passage au festival Canneséries tout juste clôturé, Derby Girl inaugure sa deuxième saison sur France.tv Slash. Un nouveau tour de piste plutôt réussi pour les Cannibal Licornes, l'équipe de roller derby autour de laquelle tourne la série, alors que les scénaristes ont poussé les curseurs de l'absurde au maximum. Et ça marche !
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Scandale à Mézières
Rien ne va plus à Mézières. Tandis que Lola Bouvier (toujours campée avec panache par Chloé Jouannet) se sent enfin intégrée au sein des Cannibal Licornes et que tout lui sourit, une nouvelle menace vient gâcher la fête : Yasmine Jouvion, la maire de la ville fraîchement débarquée, prohibe la pratique du roller derby suite à un malheureux incident. Mais face à cette interdiction des plus injustifiées, Lola et ses coéquipières vont s'organiser pour faire front et sauver l'honneur de leur sport. Quitte, au passage, à découvrir une conspiration mettant en péril l'avenir de leur ville...
Une vieille dame qui manque d'être enterrée vivante, un shooting photo pour un calendrier sexy, une énorme bataille de nourriture, du ouija... Oui, il y a un peu de tout ça dans la saison 2 de Derby Girl. Plus encore que la cuvée d'épisodes précédente, celle-ci se permet d'aller plus loin sans jamais démordre de son humour singulier. Les enjeux sont plus grands, les vannes vont plus loin. Au niveau de son intrigue, la série opte pour une construction "à l'ancienne", avec un gros arc narratif conçu autour d'un big bad – comprendre : un antagoniste à déboulonner – et un soin tout particulier apporté à l'élaboration du suspense, un peu à la Buffy contre les vampires ou Riverdale.
En clair, Derby Girl continue de brouiller efficacement les genres – une approche qu'elle adoptait déjà avec succès en saison 1 mais qui se révèle ici d'autant plus maîtrisée. Car si son socle est essentiellement comique, elle n'a pas peur d'instiller d'autres influences avec un équilibre somme toute relatif : du thriller, du drame, du super-héroïque... À mesure que les limites s'estompent, la fiction cocréée par Nikola Lange et Charlotte Vecchiet se révèle toujours plus osée et innovante.
Lesbiennes sur roulettes
Mais elle n'oublie pas d'être toujours résolument queer grâce au personnage de Mother Blocker et sa gouaille légendaire. Cette saison, la casse-cou du groupe s'entiche de Svetlana, l'ex-rivale de Lola à qui cette dernière avait tranché les doigts lors de ses années patinage. Une idylle plutôt tumultueuse – dont on taira les rebondissements – qui permet non seulement de mettre en avant un couple lesbien avec de jolies scènes d'intimité, mais également d'étoffer la psychologie du personnage de Sophie-Marie Larrouy et davantage creuser ses problèmes d'engagement.
Un peu comme Schitt's Creek, la série fait le choix délibéré de ne pas incorporer d'homophobie dans son récit : la relation entre Mother Blocker et Svetlana n'est jamais dénigrée car saphique. Au lieu de ça, Derby Girl s'amuse. En effet, à un moment donné de la saison, Mother Blocker est victime d'un stress monstre, craignant d'annoncer son histoire d'amour à Lola par peur qu'elle réagisse mal. Mais elle n'est pas anxieuse car en couple avec une autre femme, mais plutôt car elle fricote avec l'ancienne ennemie jurée de son amie. Une façon intelligente mais aussi drôle de contourner les poncifs habituels des intrigues LGBTQI+.
Aussi paradoxal que ce soit, la deuxième saison de Derby Girl délaisse en majeure partie les scènes de roller derby pour se focaliser sur ses personnages et leurs valeurs. En découle alors une tonalité plus équilibrée mais toujours éperdument décalée. Peu de séries peuvent évoquer la dysphorie de genre, le deuil et le fist-fucking dans une même saison sans que ce soit un plantage complet. "On peut évoluer et garder nos délires chelou", assène l'impétueuse Lola Bouvier au gré d'un speech dans un épisode. Ou comment résumer cette délicieuse saison 2 en une phrase.
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Crédit photo : France.tv Slash