Le documentariste Nicolas Peduzzi a saisi l’essence d’une jeunesse des ghettos de Houston au Texas. Si Ghost Song est une ode musicale à la créativité artistique comme échappatoire d’une jeunesse qui fait face à la violence et à la pauvreté, c’est aussi la découverte d’une héroïne fascinante, OMB Bloodbath, rappeuse noire et lesbienne.
Le climat est explosif dans les ghettos de Houston (Texas). Une tornade majeure menace et un jeune rappeur issu du ghetto a été exécuté dans une station-service. Tout est réuni pour que les jeunes marginaux que Nicolas Peduzzi a choisi de filmer aient envie de se confier, chacun à sa façon. Ghost Song sait créer son propre climat, le documentaire oscillant entre clip rebelle et tapageur et observation pudique des échanges à la recherche de l’expression des souffrances intimes dans un Houston périphérique qui semble être un monde en soi.
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Les portraits de cette jeunesse en marge dégagent une énergie folle et se construisent au rythme que les protagonistes impriment. Il y a d’abord Will et ses grandes tirades poético-barrées d’enfant mal aimé qui ne s’est pas épargné. Et il y a une jeune femme, Alex, dite OMB Bloodbath. On la découvre arrosant les strip-teaseuses de dollars dans un club avant d’assister à ses sessions semi-improvisées dans la rue ou en studio.
Une expérience à vivre au cinéma
Elle connaît tous les rouages du ghetto mais vit difficilement le deuil de son ami assassiné et se souvient avec émotion de son dernier séjour à l’hôpital, touchée par une balle qui ne semblait pas perdue. Tout son être affirme une réelle volonté de s’en sortir mais ses démons intimes l’empêchent de se déployer et son quartier agit comme un étau qui broie, petit à petit, celles et ceux qui ne le quittent pas assez vite.
Avec ses attitudes « gangsta » et son look « ghetto » sans concession, elle attire les regards et révèle au cours de scènes plus intimes avec sa mère ou sa petite amie et leur fils. Malgré son optimisme et ses talents musicaux indéniables, sa détresse pudique est bouleversante. Flows incarnés, visages inoubliables, tempête violente qui se rapproche, et B.0 électrique signée Jimmy Whoo font de Ghost Song une véritable expérience à vivre dans le cadre immersif d’une salle de cinéma.
Crédit photo : Les Alchimistes Films