Après une première saison captivante malgré ses défauts, The Wilds fait son retour armée de huit nouveaux épisodes. Si elle montre toujours des fulgurances, la série ado donne aussi des signes d'essoufflement…
En décembre 2020, les très réactives lesbiennes de Tumblr, spécialement douées pour inonder la plateforme de GIFs et de fanfictions, s'emparaient d'un tout nouveau couple à aduler : Shelby et Toni, aka "Shoni", deux des multiples héroïnes de The Wilds. Après plus d'un an de pause, la série de survie en streaming sur Amazon Prime Video rempile pour une deuxième saison. Un break un peu longuet qui aurait pu lui permettre de revenir en grande forme, malheureusement c'est le contraire, tant la narration s'éparpille et peine à maintenir le niveau.
À lire aussi : "Heartstopper" sur Netflix : la série gay la plus attendrissante de l'année
[Alerte spoilers : il est conseillé d'avoir visionné la première saison avant de continuer la lecture…]
Un trop-plein inévitable
Pour la piqûre de rappel, la saison 1 se clôturait sur Leah qui découvrait l'existence d'un groupe de garçons, également livrés à eux-mêmes sur une île environnante. Dans le passé, Rachel se retrouvait lors d'une baignade victime d'une attaque de requin. La deuxième saison reprend l'intrigue précisément là où s'était arrêtée, laissant place à une narration encore plus divisée. En effet, The Wilds se découpe désormais en quatre temporalités : les flash-back avant le drame, l'île des garçons, l'île des filles, et le présent avec les interrogatoires. Autrement dit : oui, ça fait beaucoup.
Il se passe énormément de choses dans cette saison 2, voire peut-être un peu trop. En un sens, c'était inévitable. Dès lors que The Wilds prit la décision d'incorporer une seconde île avec des garçons, il était évident que la série se devait de leur accorder un certain développement. Pas de bol : là où Leah et les filles ont eu une saison entière pour exister au-delà des clichés, leurs homologues masculins n'ont pas ce privilège. Et avoir moitié moins de temps pour esquisser des personnages nuancés, ce n'est pas gagné d'avance. La série s'en tire avec les honneurs, mais certains nouveaux survivants peinent parfois à s'extirper des clichés qu'on a instinctivement tendance à leur coller.
La première salve de The Wilds balayait les carcans de genre pour permettre à ses huit héroïnes éclectiques de gagner en profondeur grâce à leur expérience de survie commune. Si les garçons ne sont pas totalement inintéressants, on reste sur notre faim quant à l'exploration superficielle de la masculinité que la série propose. Malgré deux ou trois instants pertinents, un sentiment général d'inachevé persiste. Mais on comprend que si la série ne prend pas le temps de mieux ébaucher ses personnages masculins, c'est surtout parce qu'il ne faut pas délaisser le camp des filles, auxquelles les fans de The Wilds se sont déjà attachés.
Le nouveau venu
Bien que le scénario ne soit pas irréprochable, cette deuxième saison a le mérite de bien traiter ses personnages LGBTQI+. D'une part, la romance entre Shelby et Toni se poursuit, non sans quelques accrocs qui, heureusement, évitent toute prévisibilité. Plus que sa bien-aimée, la blonde du couple hérite d'une évolution percutante, tandis qu'elle se voit confrontée à un fort sentiment de crainte à l'idée de retrouver un quotidien où la lesbophobie est une réalité. Plus les épisodes passent, plus Shelby remet en doute sa foi et les valeurs qu'elle a longtemps brandies haut et fort. Son interprète, Mia Healey, délivre une performance juste, criante de vulnérabilité.
En marge du couple lesbien phare de la série, The Wilds incorpore un autre personnage queer : Ivan, joué par Miles Gutierrez-Riley. Malheureusement pour lui, ce n'est pas le grand amour à la Shoni qui l'attend sur l'île. Néanmoins, la série vise juste en misant sur une ambivalence le concernant : s'il trouve sa place dans de rares moments de camaraderie sur le camp – notamment après avoir "prouvé" sa masculinité en ayant construit une arme efficace –, Ivan conserve un sentiment de marginalité, rendu évident lorsqu'une affaire d'agression sexuelle ébranle les survivants et qu'il est alors le premier à prendre le parti de la victime. Mais, à l'image de ses compagnons, on aurait aimé que le questionnement de sa masculinité aille plus loin.
Dans l'ensemble, cette saison 2 de The Wilds n'est pas mauvaise : elle est simplement un brin décevante. Le rythme est là, le suspense aussi. L'évolution des filles – qui, rappelons-le, sont celles qui portent le récit – est convaincante. Seulement, à trop faire de mise en place pour les garçons, le fil rouge n'avance que trop peu. En dépit de quelques révélations disséminées, la série se montre plutôt avare en réponses et fait du surplace. Espérons qu'une troisième cuvée d'épisodes (pas encore officialisée par Amazon Prime Video) saura rééquilibrer la balance.
À lire aussi : Bande-annonce : "Uncoupled", la nouvelle série gay Netflix avec Neil Patrick Harris
Crédit photo : Amazon Prime Video