Centrée sur l'histoire d'un amour gay naissant entre deux ados, Heartstopper, nouvelle série de Netflix, donne vie aux héros de papier queers de la romancière britannique Alice Oseman. Une adaptation aux petits oignons, portée par un casting attachant et un scénario suffisamment bien ficelé pour qu'on en redemande déjà.
Le Mois des Fiertés n'a pas commencé que Netflix prend de l'avance en ouvrant les festivités à sa manière. Précisément en lançant Heartstopper, sa toute nouvelle fiction originale très queer, sans doute même la série la plus queer de tout son catalogue de streaming. Adaptée des romans graphiques éponymes d'Alice Oseman – publiés aux éditions Hachette chez nous –, l'histoire dépeint un amour gay bourgeonnant entre deux collégiens, les adorables Charlie et Nick.
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L'amour gay à sa naissance
Composée de huit épisodes d'environ 30 minutes chacun, Heartstopper s'attarde donc sur le quotidien de Charlie Spring, un adolescent de nature plutôt introvertie. Ouvertement gay, il subit de temps à autre les moqueries de certains de ses camarades, bien qu'il puisse compter sur sa bande d'amis proches, tous des marginaux à leur manière. Un jour, Nick Nelson, un rugbyman bienveillant, fait irruption dans son école et dans sa sa vie. Une amitié sincère se développe entre eux, au grand dam de leurs groupes sociaux respectifs qui ne pourraient être plus radicalement opposés. Alors quand des sentiments amoureux commencent à apparaître, la situation se complique...
Sur le papier, le pitch de Heartstopper n'a rien de transcendant. Et de fait, au fil de la première saison, les amateurs de drama de haut niveau à la Élite ou Euphoria en seront pour leurs frais : à bien des égards, la nouveauté de Netflix se situerait plutôt comme un contre-Euphoria, tout aussi queer mais optant pour une pureté de ton et d'esthétique là où le carton de HBO fait dans la surenchère – une formule qui lui réussit.
La différence notable, précisons-le, est que Heartstopper est une fiction sur des jeunes ados, pour des jeunes ados. Elle n'est pas pensée du tout pour un public adulte. Son atmosphère, à la fois insouciante et réconfortante, détonne ainsi des autres teen dramas de la plateforme. On pourrait donc plutôt la comparer à Love, Victor, pour des raisons évidentes – les deux séries s'intéressent à deux mineurs qui tombent amoureux dont un qui est encore dans le placard –, mais ce ne serait pas totalement exact. Moins stéréotypée que le spin-off de Love, Simon (disponible sur Disney+), Heartstopper se veut bien plus simple et authentique dans ses intrigues et ce, même s'il lui arrive d'invoquer certains clichés – comme celui du gosse de riche arrogant et homophobe.
L'authenticité, socle de Heartstopper
Pour consolider sa dimension authentique, la série réunit un casting de jeunes acteurs – Joe Locke et Kit Connor, les deux héros, ont tous les deux à peine 18 ans – qui ont (enfin) l'air d'avoir l'âge de leurs personnages. Pas comme Élite et ses "adolescents" dont les interprètes s'apprêtent en réalité à souffler leur 25e bougie.
Si Heartstopper peut être qualifiée de série gay, c'est en fait une série LGBTQI+ qui représente à l'écran plusieurs identités. Outre le couple homosexuel au cœur de l'histoire, elle prend ainsi le temps de développer Tara et Darcy, un jeune couple lesbien mixte, ou encore Elle, la meilleure copine de Charlie, ouvertement trans et incarnée par la tiktokeuse-devenue-actrice Yasmin Finney (qui délivre l'une des prestations les plus sensibles de la saison). Contrainte de quitter l'école pour garçons où sont inscrits ses amis car victime de transphobie, Elle connaît un nouveau départ salvateur dans un établissement pour filles. C'est l'occasion de préciser que Heartstopper se déroule au Royaume-Uni, lui donnant la british touch qui ajoute à son charme.
Parvenant à transposer la même magie que l'on trouvait dans les pages d'Alice Oseman, Heartstopper est une adaptation impeccablement conçue. Les regards qui s'éternisent, les sourires vifs au détour d'un couloir, les textos échangés en loucedé la nuit tombée... De par tous ces petits détails qui n'en sont finalement pas, la série parvient à recréer l'expérience du coup de cœur adolescent, en en montrant l'innocence et la fragilité. On se surprend à esquisser un sourire au premier épisode et même à verser une larme (de joie, rassurez-vous) dans le dernier.
Cette version Netflix de Heartstopper ne portant à l'écran que les deux premiers tomes de la saga littéraire, elle se laisse la possibilité de saisons supplémentaires pour Charlie et Nick. Et c'est tout ce qu'on peut espérer ! Après tout, cette première saison pose des bases solides pour pouvoir s'aventurer dans des thématiques plus matures par la suite. La bande dessinée traite notamment de dépression et de troubles alimentaires : sujets qu'on aimerait voir creusés avec bienveillance et sincérité, deux valeurs que la série sait mobiliser. Verdict en 2023 ?
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Crédit photo : Netflix