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film"Flee" au cinéma, docu animé bouleversant sur l'itinéraire d'un réfugié gay afghan

Par Florian Ques le 31/07/2022
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Au croisement entre le film d'animation et le documentaire, Flee raconte l'histoire vraie d'un homme, "Amin", contraint pour survivre de fuir l'Afghanistan avec sa famille.

Il serait vraiment dommage de passer à côté de Flee. Sorti au cinéma ce mercredi 31 août, ce film danois acclamé par la critique avait été programmé sur Arte en mai. Réalisé par Jonas Poher Rasmussen, le long-métrage a marqué la 94e édition des Oscars en devenant le tout premier projet à être nommé simultanément dans trois catégories majeures de la cérémonie, à savoir "Meilleur film international", "Meilleur film d'animation" et "Meilleur documentaire".

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Le périple émouvant d'Amin

Dans le présent, un homme surnommé Amin – le film indique dès le départ que les prénoms ont été changés par souci d'anonymat – accepte de raconter pour la première fois son histoire. Celle d'un jeune garçon afghan qui se découvre homosexuel tandis que la situation s'envenime dans son pays. Flee revient sur les grandes étapes de sa vie, du moment où sa famille déserte Kaboul face à la menace des moudjahidines à son arrivée en solitaire sur le territoire danois.

"Flee", à voir sur Arte : l'itinéraire bouleversant d'un réfugié gay afghan
Crédit photo : Haut et Court

Bien qu'il soit presque intégralement animé, Flee incorpore dans sa narration une flopée d'images d'archives, notamment de la vie en Afghanistan dans les années 80. Un format hybride ingénieux qui renforce la véracité du récit d'Amin. À mesure que celui-ci évoque chronologiquement son passé, des interludes se déroulant dans le présent offrent des respirations nécessaires. Le réalisateur Jonas Poher Rasmussen, qui est proche du réfugié afghan, se met en scène à l'écran, également animé, le poussant à observer avec recul les épreuves surmontées et surtout, les conséquences qu'elles ont eues sur sa psychologie.

Dans le présent, Amin est en couple avec Kasper. Les deux envisagent de se marier et d'investir ensemble dans une maison. Or les traumatismes d'Amin refont surface et entravent le bourgeonnement de leur relation : ayant constamment été contraint de fuir – d'où le titre du film –, le héros de Flee ne sait pas comment appréhender la stabilité et peine à trouver sa place. C'est bien là le sujet du film dans son ensemble : plus qu'un récit sur les liens du sang ou sur l'homosexualité, Flee est avant tout une histoire sur le besoin d'appartenance.

Le succès mérité de Flee

Au gré de sa tournée des festivals en 2021, Flee a récolté des retours dithyrambiques unanimes. Et il n'est pas difficile de comprendre les raisons de ce succès. D'une part, l'alliance entre le documentaire et le film d'animation s'avère fructueuse puisqu'elle permet de mettre en images un récit de façon poétique tout en préservant l'identité des sujets représentés. Mais c'est surtout son propos et la façon sensible dont celui-ci est amené qui font de ce long-métrage une pépite.

"Flee", à voir sur Arte : l'itinéraire bouleversant d'un réfugié gay afghan
Crédit photo : Haut et Court

"Je voulais vraiment que mon histoire soit vue par les gens car les récits qu'on voit à propos des réfugiés ne permettent pas en général de s'identifier aux réfugiés en question, explique Amin dans une interview avec l'acteur Riz Ahmed, producteur de Flee. J'espérais que mon histoire pouvait apporter un peu de nuance à ce tableau." Un pari gagnant. Rares sont les œuvres aussi originales sur la forme et percutantes sur le fond. Flee est un film à la simplicité puissante, qui pousse à l'ouverture sur le monde autant qu'à l'introspection. Ne le ratez pas !

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Crédit photo : Haut et Court