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cinéma"Everything Everywhere All at Once" au cinéma : le film queer le plus fou de l'année

Par Florian Ques le 31/08/2022
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Porté par une Michelle Yeoh à bloc, Everything Everywhere All at Once est bien le voyage décalé que la critique américaine a salué. Un bad trip sensible et lumineux qui place la queerness au cœur du récit.

Fréquemment applaudies aux États-Unis, les productions distribuées par A24 peinent à trouver des boîtes de distribution de notre côté de l'Atlantique. À cause, peut-être, d'histoires trop avant-gardistes ou décalées pour le public francophone ? C'est une piste à explorer... et qui pourrait correspondre au cas d'Everything Everywhere All at Once. Sorti en mars dernier chez nos amis américains, le film débarque seulement ce mercredi 31 août dans les salles françaises, après avoir collectionné les éloges. Un succès mérité !

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Voyage à travers les dimensions

Co-réalisé par Daniel Kwan et Daniel Scheinert – le duo derrière Swiss Army Man en 2016 –, le film part d'une situation assez ennuyeuse : Evelyn Wang, une propriétaire de laverie sino-américaine, fait face à des difficultés pour le règlement de ses taxes. En se rendant à un rendez-vous obligatoire auprès de l'organisme gouvernemental en charge des impôts elle est abordée par Alpha Waymond, une version alternative de son mari issu d'une autre dimension. Celui-ci la met en garde : elle est la seule à pouvoir empêcher un être mystérieux, nommé "Jobu Tupaki", de détruire le multivers – terme désignant grosso modo l'ensemble de toutes les dimensions.

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Crédit photo : A24 / Pathé Live

Développée depuis les années 50 grâce aux sciences cosmologiques, la théorie du multivers soutient l'existence d'univers multiples évoluant parallèlement les uns aux autres. Elle a été popularisée ces dernières années, notamment via le Marvel Cinematic Universe (MCU) qui en fait la clé de voûte de sa narration depuis plusieurs films comme Doctor Strange in the Multiverse of Madness. Everything Everywhere All at Once fait le choix de s'emparer de cette réflexion théorique pour en faire une aventure lourde de sens.

Ce que propose avant tout le film, c'est un peu plus de deux heures de mésaventures folles et dantesques à travers les mondes et les époques. Avec une bonne dose d'absurdité. On y rencontre aussi bien des combattants avec des masses dans le postérieur qu'un raton-laveur cuistot ou encore des doigts en forme de saucisses Knacki. Si la phrase précédente sonne comme un kamoulox, n'ayez crainte : le récit maîtrise son sens de l'absurde et ses côtés les plus déjantés ne le sont jamais gratuitement.

Voyage à travers soi

À mesure que les touches exagérées s'enchaînent, le film révèle sa vraie nature : derrière ces errances fantasques, une méditation pertinente sur le nihilisme, le besoin de donner du sens aux choses et l'importance des liens sociaux. Sans divulgâcher le scénario, Everything Everywhere All at Once incorpore une dimension queer à son histoire grâce au personnage de Joy, la fille lesbienne d'Evelyn qui souhaiterait faire son coming out auprès de son grand-père, au grand dam de sa mère qui désapprouve cette idée. Impossible d'en dire trop mais sachez que leur relation mère-fille, ainsi que l'homosexualité de Joy, font partie intégrante du récit, lequel renvoie un message fort d'acceptation, de respect et d'amour inconditionnel.

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Crédit photo : A24 / Pathé Live

Mais si son scénario est en béton armé, Everything Everywhere All at Once doit beaucoup à la prestation de Michelle Yeoh. Déjà percutante dans des films comme Demain ne meurt jamais ou Crazy Rich Asians, l'actrice épate sous les traits de cette quinquagénaire en pleine crise interdimensionnelle. Quant à Stephanie Hsu, qui incarne sa fille à l'écran, elle est par son charisme et la nuance de son jeu la révélation du film.

Avec leur deuxième format long, Daniel Kwan et Daniel Scheinert proposent un sacré mélange des genres, puisant en grande partie du côté de la science-fiction tout en piochant dans le drame familial et la comédie absurde. Une fusion réussie, parfaite pour achever l'été de façon aussi épique qu'originale.

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Crédit photo : A24 / Pathé Live