Vendu comme un film d'épouvante queer, They/Them peine à remplir une partie de son contrat. Mais John Logan impose tout de même un récit audacieux autour des camps de "thérapies de conversion".
Concevoir un film d'épouvante avec un camp de "thérapie de conversion" pour toile de fond, c'est un pari casse-gueule. Le réalisateur américain John Logan exploite pourtant l'idée avec They/Them – à prononcer "they slash them", soit "ils les tuent", jeu de mots bien pensé au vu de la trame. Inédit en France bien que déjà disponible outre-Atlantique sur la plateforme de streaming Peacock, ce long-métrage horrifique laissait espérer un slasher (film de tueur en série) à la Vendredi 13 avec des personnages LGBTQI+ en tête d'affiche. Le résultat ne comble toutefois pas tout à fait nos attentes...
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L'horreur des "thérapies de conversion"
Le pitch de They/Them est simple : le film suit le séjour d'un groupe d'ados queers – mené par Jordan, protagoniste non-binaire du récit justement joué par Theo Germaine (Work in Progress) – au sein du camp Whistler, lieu réputé pour ses "thérapies de conversion" promettant de guérir l'homosexualité (sic). Dans la réalité, les victimes y subissent des mauvais traitements, de plus en plus documentés à travers le monde, confinant à la torture.
Sur place, les jeunes font la connaissance de l'équipe chargée de les encadrer – ou plutôt de les recadrer. Aux commandes, Owen Whistler, incarné par Kevin Bacon (Footloose), le directeur qui a donné son nom à ce lieu faussement idyllique. Avec sa vue dégagée sur un vaste lac et ses maisonnettes champêtres, le cadre de cette colonie fait en effet rêver. Jusqu'à ce qu'une silhouette énigmatique se mette à y empiler les cadavres, faisant tourner le séjour à une lutte (nocturne) acharnée pour survivre.
Bon film, mauvais genre
À l'étape de projet, They/Them était décrit comme un slasher, soit une sous-catégorie spécifique de films d'épouvante où l'on retrouve un tueur (souvent masqué ou avec une tenue distinctive) et un groupe de personnes qu'il cible (exemple : Scream). Le film de John Logan correspond bien à cette case, sauf que trop d'éléments perturbateurs font de They/Them un slasher… timide.
Malgré son lot de morts assez honnête, le film fait en effet le choix de les faire presque toutes survenir hors-champ. Qu'une œuvre horrifique ne se vautre pas dans le gore, c'est une chose, mais qu'elle expédie ses scènes de meurtres – il n'y a aucune poursuite et les moments de tension montant crescendo sont rares, voire inexistants –, cela paraît paresseux. À peine deux-trois gouttes de sang surgissent-elles dans un recoin de l'écran, comme si le réalisateur avait voulu aseptiser son récit, multipliant de ce fait les occasions ratées.
Au-delà des aficionados d'horreur, They/Them est en revanche évidemment calibré pour les personnes LGBTQI+. Sans divulgâcher l'intrigue, le film véhicule un message d'acceptation de soi et célèbre la différence. Malgré la présence d'un meurtrier psychopathe, c'est bien la haine envers la communauté queer qui reste la vraie menace. Le film révèle alors une jolie histoire de résilience et d'adelphité face à l'adversité, incarnée par une brochette de jeunes talents queers.
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Crédit photo : Peacock