Le film documentaire de Frédéric Chaudier, Révolution sida, examine la réponse politique apportée par les États à la pandémie de VIH-sida. Un témoignage majeur pour documenter une lutte devenue au fil des années, avec l’apparition en Occident de traitements efficaces, plus discrète dans l’agenda politique des États du Nord.
La force de Révolution Sida, documentaire indispensable sorti au cinéma cette semaine du 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida, c’est la façon dont il explore les aspects humains et politiques de l’épidémie et les blocages qui subsistent encore dans les politiques de santé publique à travers le monde. Le réalisateur, Frédéric Chaudier, a beaucoup travaillé sur le sujet pendant près de six ans, et a surtout rencontré des témoins passionnants. Pour têtu·, il revient sur l’aventure du film qui a commencé en 2014, sa méthode de travail, et sur les enjeux actuels autour du VIH/sida à l’heure du covid…
En tant que réalisateur de documentaire, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous intéresser à la santé publique mondiale sous l’angle de l’épidémie du VIH/sida ?
Frédéric Chaudier : Trois ans après la mort de mon père atteint de la maladie de Charcot, j’ai décidé de donner du sens à mon métier en retournant sur les lieux, à la maison médicale Jeanne Garnier dans le 15e arrondissement de Paris. J’ai voulu essayer d’explorer, pendant 14 mois de tournage, ce qui m’avait été transmis dans ces moments douloureux que sont ceux de la mort d’un être qu’on aime. Le film, Les Yeux ouverts, est sorti en salles en 2010 et il a rencontré un certain succès, j’y faisais témoigner les personnels du deuxième étage afin de recomposer les dix derniers mois de la vie de mon père à travers leurs parcours. Je proposais une vision humaine de la santé, je parlais plus de la vie que de la mort et cela questionnait la valeur qu’on donne aux êtres. ...