Smiley est la nouvelle série Netflix de Noël qui se joue des clichés et des stéréotypes. Une comédie romantique gay hors des cases qui interroge les schémas traditionnels du couple, tout en proposant de belles histoires d'amour.
Souriez, ils l'ont filmée. Une romance gay qui n'a pas eu à trancher entre le romantisme et le sexy, le kinky et le bisounours, l'accessibilité et la vraisemblance. La nouvelle-née de Netflix, prénommée Smiley, est une série espagnole de 8 épisodes d'une quarantaine de minutes, disponible sur la plateforme depuis mercredi 7 décembre.
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Àlex, interprété par Carlos Cuevas, un barman à tomber ébranlé par une énième déception amoureuse, laisse un message vocal à son ex-amant pour lui dire ses quatre vérités. Mais manque de chance, c'est Bruno, un architecte intello incarné par Miki Esparbé, qui reçoit le message. Intrigués et sans savoir sur qui ils vont véritablement tomber, les deux hommes décident de se rencontrer. Bien que la comédie romantique soit placée sous le signe de Noël, elle défie les attentes, les stéréotypes, et place même le smiley au coeur de son récit.
Une série du réel
Après un rendez-vous, que met-on exactement derrière un smiley envoyé à son date ? On partage la joie d'une rencontre, d'un échange, on signifie à l'autre qu'il ne laisse pas indifférent. On lui montre ainsi, par un simple sourire, qu'on apprécie sa façon d'être, son rire, ses manies, et surtout qu'on ne désire qu'une chose : le revoir. Dit comme ça, c'est bien mignon, mais, dans la série, ça devient vite beaucoup plus complexe. Et s'il est toujours conseillé de peser ses mots, peser ses smileys semble tout aussi incontournable !
La force de cette série, c'est qu'elle offre une vision plurielle du dating et de la sociabilité gay. Elle joue sur les clichés que l'on retrouve dans bon nombre de films culcul hétéros de Noël, et s'appuie sur les mêmes arcs narratifs : deux personnes que tout oppose, qui ne peuvent pas s'encadrer, tombent sous le charme l'une de l'autre, faisant fi de leurs différences. Les personnages eux-mêmes le revendiquent : il s'agit-là d'un des scénarios les plus éculés de l'histoire du cinéma.
Ainsi Àlex va à la salle de sport presque tous les jours, peut discuter deltoïdes, ischios et de la meilleure manière de développer ses fessiers pendant des heures. Il apprécie la fête et les abdos bien dessinés. Coqueluche des clients de son bar, il est adulé sur Grindr et n'a aucun mal à se dégoter des coups d'un soir. Bruno, quant à lui, n'a pas autant de succès sur les applis et ne fréquente pas les mêmes cercles. Véritable coeur d’artichaut, cinéphile accompli maniant l'art de la rhétorique, il brille par sa culture plus que par son physique, plus banal que celui d'Àlex – bien que tout à fait charmant. Malgré ces différences, tous deux sont aux prises avec les mêmes problématiques : les critères de beauté sévissant sur Grindr, les aventures sans lendemain, le chemsex, les partouzes, et même certains kinks fort gouteux, ou non. La série aborde ainsi pas mal de pratiques, mais sans jamais porter de quelconque jugement.
Une communauté complexe et soudée
D'ailleurs, ne vous y trompez pas, Smiley n'est pas une pub pour l'hétéronormativité, et, non, Àlex et Bruno ne se contentent pas de rougir en se susurrant des mots doux, le regard fuyant, etc. Ici, vous n'êtes pas dans une série adolescente à la Heartstopper. Et s'ils sont tous les deux à la recherche d'une relation exclusive, cette dernière n'invalide pas les autres modèles. L'un des couples de Smiley, un couple lesbien formé par Vero et Patri, en est d'ailleurs la preuve. Les deux femmes, conscientes que le schéma hétéronormé ne leur convient pas, s’interrogent et remettent en questions leur fonctionnement de couple, envisageant d'autres modèles.
Ce qu'on aime aussi, c'est l'image que la série – qui met en scène plusieurs personnes de générations, de vécus et de points de vue différents – donne à voir de la communauté LGBTQI+. Si cette dernière y est dépeinte comme un lieu complexe, Smiley démontre que l'entente y est possible, et recherchée. En parlant d'entente, c'est toujours agréable de voir une série où gays et lesbiennes se mélangent. Tous ont une intrigue qui leur est propre, et les personnages secondaires ne font d'ailleurs pas exception. La série s'adresse ainsi à un large public. On y trouve même des hétéros, c'est dire !
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Crédit photo : Netflix