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cinémaPour son premier film queer friendly, Victoria Bedos interroge la condition féminine adolescente

Par Florian Ques le 20/04/2023
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Pour sa première réalisation, Victoria Bedos propose avec La Plus Belle pour aller danser un film délicieusement régressif sur une ado s'entichant du petit nouveau de sa classe... qui s'avère préférer les garçons. Une histoire d'amour et de genre à découvrir sortie au cinéma ce 19 avril.

Marie-Luce est de ces ados qu'on ne remarque pas. Au bahut, ses camarades lui accordent peu d'attention, si ce n'est pour se moquer d'elle. Ses seuls liens amicaux sont ceux qu'elle a forgés avec les octogénaires qui résident dans la pension de famille tenue par son père. Mais quand un nouveau venu, Émile, débarque à la rentrée des classes, son monde est mis sens dessus dessous. Afin de se rapprocher de lui, c'est déguisée en dandy que l'adolescente s'incruste à une fête costumée. Mais tout commence à déraper lorsque son alter ego masculin, Léo, rencontre une certaine popularité auprès de ses pairs... et tape en prime dans l'œil du bel Émile.

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Pour sa première réalisation, Victoria Bedos – qui a cosigné le scénario de La Famille Bélier en 2014 – mise sur une histoire rocambolesque. Mais ce petit côté too much fait aussi le charme du film, qui joue sur la corde sensible. "Je voulais plaire aussi bien à la grand-mère qu'à la petite-fille et aux parents, explique à têtu· la cinéaste. Je dois dire que j'aime surtout l'humour qui peut être partagé par tous les membres d'une même famille."

La plus belle pour interroger la condition féminine

Pour écrire son récit, la réalisatrice s'est inspirée de sa propre jeunesse : "J'étais en décalage avec ma génération. J'avais des goûts de vieux au moment où tout le monde écoutait du rap. J'étais plus proche des professeurs que des gens de mon âge. Mais je rêvais d'être comme tout le monde, d'être invitée aux soirées… Alors je me suis demandée comment illustrer ça de façon comique. Et le travestissement est une manière assez joyeuse et ludique de raconter des choses profondes, comme la difficulté d'être véritablement soi-même et de s'accepter à 100%."

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Pendant la majeure partie du film, Marie-Luce – incarnée avec justesse par la jeune et pétillante Brune Moulin – est donc grimée en garçon. Cette façade masculine lui permet de se rapprocher de l'objet de son désir, Émile, mais aussi d'être acceptée et appréciée de ses camarades. "À cet âge-là, être une fille est plus compliqué que d'être un garçon, développe Victoria Bedos. Les petits garçons sont plus courageux, ils ont plus d'audace, car c'est comme ça qu'on les élève."

"À cet âge-là, être une fille est plus compliqué que d'être un garçon."

Victoria Bedos

Mais attention, La Plus Belle pour aller danser n'est pas un film sur l'identité de genre : même à travers ses péripéties, où elle est travestie en garçon, Marie-Luce ne doute jamais de la sienne. Il n'est donc pas ici question de transidentité, mais des rôles assignés à chaque genre et des difficultés rencontrées par les adolescentes au collège et au lycée. A contrario, le personnage gay d'Émile, joué par le comédien débutant Loup Pinard, semble lui connaître une scolarité sans heurts ni harcèlement… Un tableau qui reste loin de la réalité vécue par nombre d'ados LGBT, mais cette utopie sereine fait plaisir à voir.

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"C'était important pour moi de montrer quelqu'un de si jeune sachant exactement qui il est par rapport à sa sexualité, confie la réalisatrice pour expliquer sa démarche. Il ne se pose pas de questions sur son homosexualité : il est gay et c'est ainsi. Il aime les garçons au même titre qu'il aime les spaghettis bolognaises. [Rires.] Je ne voulais pas que ce soit un problème ou même un sujet en soi." On retiendra surtout de La Plus Belle pour aller danser son ton bienveillant, qui devrait adoucir les peines de bon nombre de jeunes, queers ou non, ayant des difficultés à trouver leur place à l'adolescence.

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Crédits photos : Universal Pictures France