Le film Sergent-Major Eismayer, de David Wagner, raconte l'histoire vraie d'un haut gradé de l'armée autrichienne qui a épousé l'un de ses soldats. Un drame gay fort à voir au cinéma à partir de ce mercredi 13 décembre.
C’est en feuilletant un journal que David Wagner est tombé en 2014 sur une information insolite : le sergent-major Eismayer vient d’épouser le soldat Mario Falak au sein de leur caserne à Vienne. “Je n’y croyais pas, se souvient le réalisateur autrichien. J’ai fait moi-même l’armée et on entendait tout le temps des histoires terribles sur Eismayer. Tout le monde le craignait et personne ne souhaitait l’avoir comme instructeur. Mais je ne l’avais jamais vu, c’était comme une légende urbaine pour moi.” Ce militaire si redouté existe donc, et le cinéaste se démène pour entrer en contact avec lui, désireux de découvrir son histoire afin d’en faire un film.
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Ainsi est né son premier long-métrage, qui, mêlant scènes de reconstitution et éléments de fiction, raconte la romance naissante entre les deux officiers (incarnés par Gerhard Liebmann et Luka Dimic), de leurs débuts conflictuels à leur rapprochement loin des regards intrusifs. “L’aspect le plus intéressant pour moi, c’était justement l’armée, explique David Wagner. J’adorais le contraste entre leur histoire d’amour et tout cet environnement hostile, macho et homophobe dans lequel ils évoluaient. Plus il est difficile pour eux de vivre ce qu’ils ont envie de vivre, plus c’est captivant sur un plan dramaturgique.”
Les confidences du sergent-major Eismayer
Même si la formation de leur couple occupe une large partie du récit, Sergent-Major Eismayer est avant tout l’histoire de son protagoniste éponyme. Pour dresser son portrait, le cinéaste s’est rendu plusieurs fois chez lui. Mais ce n’était pas gagné d’avance : “Dès que je suis entré, il m’a ordonné de retirer mes chaussures. Et si je ne le faisais pas, je devais faire vingt pompes. C’était évidemment une blague, mais ça m’a donné une idée du personnage.” D’abord dans la retenue, le soldat finit par dévoiler sa vie privée, sa première vie d’hétéro, le refoulement de son homosexualité... “Il était convaincu que son histoire n’intéresserait personne”, rapporte David Wagner.
Projeté à la Mostra de Venise, le film y a pourtant récolté de beaux applaudissements. Présents, Eismayer et Mario étaient émus aux larmes. “C’était sans doute la première fois de leur vie où ils n’étaient pas juste acceptés mais célébrés pour ce qu’ils sont”, observe le réalisateur. C’est pour ce genre d’instant fédérateur qu’il tenait à miser sur une fin heureuse mais qui ne soit pas, comme attendu, le fameux mariage des deux militaires. “J’ai galéré un bon moment avant de trouver comment boucler mon scénario, développe-t-il. Puis j’ai eu le déclic : j’allais écrire le dénouement que j’avais envie de voir, qui me procurerait le plus de joie. C’était libérateur de porter à l’écran le changement que je souhaiterais voir dans notre société.”
>> [Vidéo] La bande-annonce du film :
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