Présenté en séance spéciale au Festival de Cannes, La Belle de Gaza arrive ce 29 mai au cinéma. Dans ce documentaire, Yolande Zauberman part à la rencontre de cinq femmes trans vivant à Tel-Aviv.
"Elles étaient une vision fugace dans la nuit. On m’a dit que l’une d'entre elles était venue à pied de Gaza à Tel-Aviv. Dans ma tête je l'ai appelée La Belle de Gaza." Ainsi Yolande Zauberman présente-t-elle le synopsis de son nouveau documentaire, sorti ce mercredi 29 mai. En 2019, avec le sobrement titré M, la cinéaste suivait un trentenaire israélien retournant, afin de retrouver ses agresseurs sexuels, au sein de la communauté ultra-orthodoxe qui l'avait rejeté. Près de cinq ans plus tard, la réalisatrice s'intéresse dans La Belle de Gaza à une autre figure bafouée : celle de la femme trans.
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C'est dans la pénombre de la rue Hatnufa, située au sein d'un quartier populaire de Tel-Aviv, que la documentariste part à la rencontre de cinq femmes, dont certaines travailleuses du sexe. Elles s'appellent Talleen, Nadine, Danielle, Nathalie et Israela. "Quand elle nous a proposé d'apparaître dans ce film, il n'a jamais été question de nous présenter comme des victimes, avance cette dernière. On a eu l'opportunité de parler de notre véritable vie, de notre expérience et de partager sans se focaliser sur la souffrance."
Femmes trans, phares dans la nuit
Filmées en plans serrés, dans l'intimité de la nuit, lors d'instants comme pris à la volée, ces femmes, qui font état d'un recul désarmant concernant les atrocités de leur passé, évoquent les obstacles auxquels elles ont dû faire face : le harcèlement, le rejet, les menaces, les attaques physiques comme verbales... "Elle est peut-être morte", lâche nonchalamment l'une d'elles à propos d'une amie travailleuse du sexe disparue du jour au lendemain.
"La différence entre la nuit et les ténèbres, c'est que la nuit contient encore des lumières, explique Yolande Zauberman. Dans La Belle de Gaza, je cherche la lumière pour repousser les ténèbres." À travers ces récits croisés, la réalisatrice affirme consolider une "histoire de reconstruction". La noirceur des anecdotes partagées est contrebalancée par un désir brûlant et inarrêtable d'authenticité, moteur face à l'adversité. Ces femmes ne veulent qu'une chose : être soi-même, sans compromis.
Si La Belle de Gaza a le mérite de faire un sort à quelques stéréotypes, le film de Yolande Zauberman a une autre fonction pleinement assumée : donner de l'espoir aux personnes trans qui ont besoin d'espérer en un avenir meilleur. Pour preuve, la scène finale du documentaire où Talleen – qui est accessoirement la première à avoir été élue Miss Trans Israel, en 2016 – et sa famille regardent des vidéos d'elle plus jeune, avant sa transition. Plus qu'un moment tendre, une vision d'acceptation encore rare. "Mon histoire est là pour montrer au monde que c'est possible", conclut la jeune femme devenue mannequin.
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