À la fois drôle et poétique, Gondola étonne autant par sa forme que par son fond, délivrant un message sensible d'acceptation et de l'importance de faire communauté face à l'intolérance.
Perchées au-dessus de la nature verdoyante et chaleureuse des montagnes de Géorgie, Iva et Nino se croisent toutes les demi-heures, à chaque passage du téléphérique. Chacune dans sa cabine, les deux employées ne partagent que des instant fugaces, nouant petit à petit un lien qui se transforme en histoire d'amour. Partant de ce récit lesbien sympathique, le cinéaste allemand Veit Helmer réussit par sa réalisation à faire de Gondola un film… perché.
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Le réalisateur s'est inspiré d'On est quitte (ou Kosh ba Kosh en version originale), un film russo-tadjik de 1993, dans lequel une romance (hétéro) se noue autour d'un téléphérique semblable. "J'ai écrit le scénario pour un homme et une femme, confie-t-il. Mais après avoir fait passer plusieurs auditions, je me suis retrouvé avec deux incroyables actrices et il m'était impossible de choisir. J'ai donc changé le scénario et le film a pris une tout autre direction."
Un message sans dialogues
Avec ses décors irréels de carte postale, Gondola est aussi un voyage visuel dépaysant. Et Veit Helmer désoriente encore davantage avec son approche singulière : comme à son habitude, son film ne contient aucune réplique. "Pour moi, les dialogues polluent l'expérience cinématique, explique le réalisateur. L'écran large se rétrécit dès que les acteurs commencent à parler. Pour conter une histoire avec seulement les images, le cinéaste doit se focaliser sur l'essentiel afin de susciter des émotions chez le spectateur."
Plus qu'une œuvre romantique attendrissante, Gondola se veut surtout un message d'acceptation. Tout au long de l'intrigue, le patron des deux jeunes femmes ne cesse de courir après l'une d'elle, désireux de nouer une relation plus que professionnelle avec la principale (dés)intéressée. Avare et calculateur, il apparaît comme un méchant de cartoon, tentant de semer des embûches sur le chemin des héroïnes. Celles-ci peuvent néanmoins compter sur le soutien des villageois alentours qui se démènent pour favoriser leur rapprochement. L'idée du film est claire : face à l'intolérance, la candeur et l'amour sont les meilleures armes.
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Crédit photo : Destiny Films