CannesHafsia Herzi adapte avec grâce "La Petite Dernière" de Fatima Daas

Par Franck Finance-Madureira le 20/05/2025

Troisième long-métrage pour Hafsia Herzi, récompensée comme actrice lors de la dernière cérémonie des César, et première apparition en compétition officielle au Festival de Cannes… Elle adapte La Petite Dernière, le livre coup de poing de Fatima Daas, en un récit initiatique sensible et incarné.

"Je m’appelle Fatima Daas." C’est ainsi que commence chacun des fragments qui composait La Petite Dernière, le récit autobiographique publié par la jeune autrice en 2020. À partir de ce livre puissant qui racontait la difficulté d’une jeune fille à concilier sa pratique de l’islam et ses désirs lesbiens naissants, Hafsia Herzi tire un film d’émancipation extrêmement touchant qui a conquis le public lors de sa présentation au Festival de Cannes 2025.

À lire aussi : Cannes 2025 : avec "Alpha", Julia Ducournau revisite en métaphore l'émergence du sida

Le regard de Hafsia Herzi

D’un printemps à l’autre, le film suit, au fil des saisons, les premiers pas de Fatima (Nadia Melliti, révélation du film), 17 ans, dans la découverte de sa sexualité et de son désir pour les femmes. D’abord avec sa bande de potes dans son lycée en banlieue puis au sein d’un nouveau groupe sur les bancs de l’université à Paris, la petite dernière de la famille va vivre une période charnière de son existence en apprenant au gré des rencontres à se connaître elle-même malgré les contradictions qu’engendrent ses désirs et sa foi. 

Avec ce film d’émancipation qui épouse au plus près le parcours de son personnage central et manie avec intelligence les ellipses, Hafsia Herzi, affirme, après Tu mérites un amour et Bonne mère, son style naturaliste et sensible et impose son regard bienveillant sur ses personnages. Si la célébration du milieu lesbien parisien et de ses passages obligés (La Mutinerie, Rosa Bonheur…) et les rencontres sensuelles et amoureuses de l’héroïne font un peu d’ombre aux questionnements autour de sa foi, La Petite Dernière bouleverse par sa vision pudique des rapports familiaux – merveilleux personnage de mère – et sa propension à faire ressentir le poids des non-dits. La grâce n’est jamais loin. 

À lire aussi : "The Chronology of Water", le premier film choc de Kristen Stewart réalisatrice

cinéma | film | culture | Festival de Cannes

Crédit photo : Ad Vitam