homosexualitéGabon : après l'Assemblée, le Sénat entérine la dépénalisation de l'homosexualité

Par Nicolas Scheffer le 30/06/2020
Le drapeau LGBT+ aux couleurs de l'arc-en-ciel

Après l'Assemblée nationale, le Sénat gabonais a voté la suppression de la pénalisation de l'homosexualité, introduite dans le Code pénal en octobre dernier.

C'est officiel, le Gabon a définitivement acté la dépénalisation de l'homosexualité. Le Sénat a voté la modification du Code pénal qui interdit "les relations sexuelles entre personnes de même sexe", une semaine après l'Assemblée nationale. Depuis octobre dernier, un rapport homosexuel était considéré comme une "atteinte aux mœurs". Les LGBT+ risquaient jusqu'à 6 mois de prison et une amende de 5 millions de francs CFA (7.600 euros). Plusieurs sources témoignent à l'AFP que la loi n'avait cependant jamais été mise en application.

Le vote de la dépénalisation a suscité la colère d'une partie de l'opinion et divisé les élus. Au parlement, les débats ont été particulièrement houleux. Ils étaient plus apaisés au Sénat où 59 parlementaires ont voté pour la modification législative voulue par le Premier ministre. 17 sénateurs ont voté contre et 4 se sont abstenus. Certains journaux ont titré que "la nation gabonaise se fissure dangereusement" ou que "la dépénalisation de l'homosexualité passe mal". Des élus d'opposition, le clergé et même certains dans la majorité présidentielle estiment que l'homosexualité est "contraire aux us et coutumes du pays". Ils ont aussi plaidé que le projet de loi n'était pas une urgence face à la crise sanitaire.

Le 70ème pays à criminaliser l'homosexualité

D'autres personnalités ont appuyé le texte. Elles ont rappelé que l'homosexualité n'avait jamais été interdite au Gabon, jusqu'à il y a un an. Le Gabon faisait alors figure d'exception, face à d'autres pays d'Afrique centrale qui ont hérité de lois LGBTphobes après la colonisation. Plus de la moitié des pays d'Afrique subsaharienne criminalisent les rapports entre personnes LGBT+. Dans six pays, une relation homosexuelle est passible de peine de mort et dans cinq, elle est techniquement possible.

l'Afrobaromètre de 2015. La première dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba, a manifesté son soutien à la dépénalisation. Sa fondation a fait valoir sur Twitter que "nos différences sont notre richesse. Être tolérant, c'est accepter de vivre ensemble malgré nos différences.

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