Rêve géorgien, le parti au pouvoir qui porte si mal son nom, est crédité d'une nette victoire aux élections législatives en Géorgie, sur fond d'irrégularités du scrutin et de soupçons d'ingérence russe.
Le cauchemar des LGBTQI+ en Géorgie n'a pas pris fin ce week-end. Rêve géorgien, le parti prorusse et LGBTphobe au pouvoir depuis 2012, a été désigné vainqueur des élections législatives organisées samedi 26 octobre dans ce pays du Caucase. L'opposition pro-Union européenne (UE), qui avait initialement revendiqué sa victoire sur la foi des sondages à la sortie des urnes, dénonce des "élections volées" et appelle à manifester ce lundi.
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D'après des résultats quasi définitifs, Rêve géorgien est crédité de 53,92% des voix, contre 37,78% pour la coalition d'opposition. Le gouvernement devrait donc disposer de 91 sièges sur 150 au Parlement ; une majorité suffisante pour gouverner mais sous la barre des trois quarts qu'il voulait obtenir pour modifier la Constitution et, en vertu de son projet, interdire les partis d'opposition pro-occidentaux.
"Opération russe"
La présidente, Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, a fustigé une "falsification totale" des élections, estimant que son pays est victime d'une "opération russe". L'ex-président Mikheil Saakachvili, actuellement en prison et lui aussi très critique du gouvernement, a également appelé à des "manifestations massives" afin de "montrer au monde que nous luttons pour la liberté".
De fait, les observateurs du Parlement européen ont déclaré qu'ils avaient été témoins de fraudes lors des opérations de vote, évoquant des cas de "bourrage d'urnes" et d'"agressions physiques" à l'encontre d'observateurs, et exprimant une "profonde inquiétude quant au recul démocratique en Géorgie", pays candidat à l'entrée dans l'UE. Bruxelles et Washington ont demandé qu'une enquête soit menée sur ces soupçons de fraude électorale.
La Géorgie en turbulences
Du côté du lobby réactionnaire, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, seul de l'Union européenne à être resté proche de Moscou et dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l'UE, s'est empressé samedi de saluer la victoire "écrasante" de Rêve géorgien, et s'est rendu en Géorgie dès ce lundi pour soutenir le régime en place par une visite officielle de deux jours.
Le pays entre "dans une période d'instabilité", souligne auprès de l'Agence France-presse (AFP) Gela Vasadzé, du centre d'analyse stratégique sur la Géorgie, relevant que "l'opposition manque de leaders charismatiques qui pourraient canaliser la colère populaire". En mai, le pays a déjà été secoué par de grandes manifestations contre une loi sur "l'influence étrangère", inspirée d'une législation russe sur les "agents de l'étranger" utilisée pour écraser la société civile. Dans la foulée, Bruxelles avait gelé le processus d'adhésion à l'UE et les États-Unis ont pris des sanctions contre des responsables géorgiens.
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Crédit photo : manifestation pro-UE à Tbilissi le 20 octobre 2024 - Vano Shlamov / AFP