lobby réacTrump veut carrément "éliminer" le ministère de l'Éducation

Par têtu· avec AFP le 21/03/2025
Donald Trump a signé un décret pour éliminer le ministère de l'Éducation aux États-Unis.

Dans le cadre de sa guerre idéologique, le président des États-Unis, Donald Trump, vient de signer un décret visant la disparition pure et simple du ministère fédéral de l'Éducation.

La nouvelle mission donnée publiquement par Donald Trump à ses troupes est claire comme de l'eau de roche : "Commencer à éliminer le ministère de l'Éducation une bonne fois pour toutes", ainsi que le président des États-Unis l'a déclaré ce jeudi 20 mars en signant un décret en ce sens, martelant : "Nous allons l'éliminer."

Lors de la cérémonie de signature, dans une de ces mises en scène de propagande dont il est friand, le chef de l'État a réuni dans un salon de la Maison-Blanche, transformé en salle de classe, des enfants assis derrière des pupitres d'écoliers pour s'en prendre ouvertement à l'institution, fondée en 1979 et dont le rôle aux États-Unis est déjà relativement limité, par rapport à un pays centralisé comme la France, où l'éducation est gérée au niveau national. Aux États-Unis, ce domaine relève déjà largement des autorités locales. Mais le rôle du ministère n'est pas pour autant anecdotique : les subventions fédérales jouent notamment un rôle important pour les écoles situées dans des zones défavorisées sur le plan économique et social.

"Coup de force tyrannique"

Le président n'a pas le pouvoir d'éliminer le ministère d'un trait de plume. Il lui faut l'aval du Congrès, et l'adoption d'une loi en ce sens nécessite 60 votes au Sénat, où les républicains disposent actuellement de 53 sièges. Le sénateur républicain de Louisiane, Bill Cassidy, a immédiatement annoncé sur X que "puisque le ministère de l'Éducation ne peut être fermé qu'avec l'accord du Congrès", il allait lui-même "soutenir l'objectif du président en introduisant un projet de loi pour y parvenir le plus vite possible". En attendant, Donald Trump assigne donc à son actuelle occupante, Linda McMahon – dont il dit espérer qu'elle soit la "dernière ministre de l'Éducation" –, la tâche de commencer le démantèlement. L'intéressée a d'ores et déjà supprimé quelque 2.000 postes, soit la moitié de l'effectif total du ministère, déclarant devant la presse depuis la Maison-Blanche que le président veut "rendre cet argent aux États, sans la bureaucratie de Washington".

Donald Trump a précisé que les fonctions selon lui "utiles" du ministère seraient préservées, en particulier des bourses pour les enfants défavorisés et des aides pour les élèves en situation de handicap. C'est que cette offensive ne s'inscrit pas seulement dans une volonté de tailler dans les dépenses publiques mais surtout dans une guerre idéologique. "Nous voulons rendre l'éducation aux États, là où elle doit être", a encore déclaré le président des États-Unis, saluant les gouverneurs Ron DeSantis (Floride) et Greg Abbott (Texas), connus pour leurs positions très conservatrices en matière d'éducation. La droite radicale américaine, et en particulier les mouvements évangéliques, accusent en effet les écoles publiques d'endoctriner les enfants en diffusant des idées "woke". Tandis que, dans certains États conservateurs du Sud, des contenus pédagogiques ayant trait à l'esclavage ont été modifiés et des romans traitant d'homosexualité ou de racisme ont été retirés des bibliothèques scolaires.

La nouvelle oukase de Donald Trump suscite évidemment la colère d'élus démocrates, de syndicats d'enseignants ainsi que de nombreux parents qui l'accusent de mener une attaque inédite contre l'enseignement public, doublée d'une entreprise de promotion de ses idées réactionnaires. "Monsieur le président, rendez-vous au tribunal", a écrit sur X Randi Weingarten, dirigeante du syndicat d'enseignants American Federation of Teachers. Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a quant à lui appelé les tribunaux à agir pour "mettre un terme au coup de force tyrannique" que représente selon lui ce décret, "l'une des mesures les plus destructrices et dévastatrices" jamais prises par Donald Trump. Une initiative similaire visant à démanteler l'agence américaine de développement, l'USAID, a été jugée mardi "probablement" inconstitutionnelle par un tribunal fédéral.

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Crédit photo : Mandel Ngan / AFP