histoireÀ Strasbourg, des pavés de la mémoire pour un couple homo victime du nazisme

Par têtu· avec AFP le 20/05/2025
À Strasbourg, des pavés de la mémoire pour un couple gay victime du nazisme.

Des pavés de laiton (Stolpersteine) rendant hommage à un couple homosexuel victime du nazisme ont été dévoilés à Strasbourg à la veille du 17 mai.

Ils s'appelaient Josef Martus et Eugène Eggermann. À Strasbourg vendredi 16 mai, veille de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie (Idahot), ont été dévoilés des pavés de laiton rendant hommage à un couple homosexuel victime du nazisme.

À lire aussi : Souvenir de la déportation : le pressant devoir de mémoire des déportés homos

Ces deux Stolpersteine (en allemand : pierres sur lesquelles on trébuche) portant les noms des deux hommes ont été scellées dans le sol devant l'adresse où résidait ce couple franco-allemand avant d'être arrêté en mars 1942. "L'un a été condamné à mort et fusillé à Stuttgart", à l'âge de 33 ans. "L'autre, condamné à de la prison et déporté au camp de Schirmeck", un camp de redressement situé en Alsace alors annexée par le IIIe Reich, a expliqué lors de la cérémonie Frédéric Stroh, docteur en histoire associé à l'université de Strasbourg. Et de poursuivre : "Ici et aujourd'hui, nous voulons nous souvenir que parmi toutes les injustices, parmi tous les crimes du nazisme, il y a eu celui d'emprisonner, de déporter et d'assassiner, aussi ici en Alsace, des hommes pour avoir désiré d'autres hommes."

Stolpersteine

La cérémonie était organisée par l'association Stolpersteine 67 et la ville de Strasbourg. Imaginé dans les années 1990 par l'artiste allemand Gunter Demnig, le concept des Stolpersteine vise à rappeler le destin des victimes du nazisme, juives, tziganes, homosexuelles, handicapées ou opposantes politiques en attirant le regard des passants sur ces pavés recouverts de laiton doré. Quelque 150.000 pavés ont ainsi été installés dans les villes de 32 pays européens. À Strasbourg, les premiers ont été posés en 2019.

"Ce geste, nous le réalisons comme nous le faisons par ailleurs pour honorer la mémoire des juifs, des résistants qui, eux aussi, ont été écrasés par une haine d'un autre temps qui malheureusement, toujours trop vite, ressurgit dans les rues, sur les plateaux télé et dans les urnes", a déclaré Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg chargée de la ville inclusive. Selon les estimations, entre 5.000 et 15.000 personnes ont été déportées à l'échelle européenne par le régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de leur homosexualité. Pour la France, les chiffres des associations et des historiens varient entre une soixantaine et 200 personnes déportées. À Paris, ce 17 mai, un mémorial national en hommage aux victimes homosexuelles de la déportation a été inauguré.

À lire aussi : La France se dote d'un mémorial aux victimes homosexuelles de la déportation

Crédit photo : Romeo Boetzle / AFP