santéVIH/sida : la PrEP injectable deux fois par an approuvée aux États-Unis

Par Nicolas Scheffer le 20/06/2025
Solidays - VIH - arc-en-ciel

Le laboratoire Gilead a reçu le feu vert des autorités américaines pour commercialiser le Yeztugo, injection bisannuelle de la molécule lenacapavir en prévention du VIH.

Un nouveau traitement de PrEP, le lenacapavir du laboratoire Gilead, vient de passer le dernier obstacle avant sa commercialisation aux États-Unis. Ce traitement préventif, qui permet de se prémunir du VIH grâce à seulement deux injections par an, a été autorisé par les autorités de santé américaines, a annoncé ce mercredi 18 juin le laboratoire à la presse médicale. Cette molécule a montré, lors de deux essais, une efficacité de plus de 99,9%, notamment en raison d'une meilleure observance (deux injections par an, c'est plus simple qu'un comprimé par jour).

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Le traitement est destiné aux adultes et adolescents "pesant au moins 35 kg" et "ayant besoin de la PrEP ou souhaitant en bénéficier", souligne le laboratoire qui salue dans cette autorisation un "jour historique dans la lutte contre le VIH". Gilead a déjà publié une étude dans la revue scientifique The Lancet pour envisager la possibilité d'une seule dose annuelle.

Le lenacapavir en France

Le lenacapavir est déjà proposé, sous le nom de Sunlenca, en France comme aux États-Unis, non pas de manière préventive mais en traitement pour les personnes porteuses du VIH. En France, il est remboursé à 100% par la Sécurité sociale et coûte un peu plus de 21.000 euros par an pour deux doses, indique le Vidal. "En Union européenne, le médicament n’est pas disponible en préventif. L’évaluation par l’Agence européenne des médicaments du lenacapavir en prévention est en cours depuis février, selon un calendrier accéléré en raison du potentiel bénéfice pour la santé publique", explique à têtu· une source au sein du laboratoire.

Aux États-Unis, le coût du traitement en prophylaxie devrait être de 28.218 dollars par an. "Nous travaillons à rendre Yeztugo accessible à tous ceux qui en auraient besoin ou le souhaiteraient, et nous nous attendons à une importante prise en charge par les assurances", a fait savoir une porte-parole de Gilead à l'Agence France-Presse (AFP). Le laboratoire a annoncé des accords pour vendre à bas coût et fournir des doses dans plus de 100 pays en développement. Mais ces dispositions sont dépendantes d'un financement international, mis à mal par la diminution drastique de l'aide américaine décidée par Donald Trump.

Gilead interpellé sur les brevets

Le coût de ce traitement qui se rapproche d'un vaccin douche les espoirs d'une distribution à large échelle dans les pays qui en ont le plus besoin. Pour y remédier, lors de la Conférence sur le sida de juillet 2024, la directrice exécutive de l'Onusida, Winnie Byanyima, avait exhorté Gilead à "entrer dans l'histoire" en autorisant immédiatement la fabrication de génériques, par une levée anticipée des brevets qui courent jusqu'en 2038.

Selon une estimation publiée dans The Lancet, le coût d'un tel générique pourrait être réduit entre 25 et 46 dollars, laissant entrevoir la possibilité d'une fin de l'épidémie de VIH/sida. "Si ce médicament qui change la donne reste inabordable, il ne changera rien", a insisté ce mercredi Winnie Byanyima dans un communiqué, enjoignant "instamment à Gilead de prendre la bonne décision".

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Crédit photo : Claire Serie / Hans Lucas via AFP

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