Ayant expérimenté des difficultés à se procurer leur médicament en pharmacie, des usagers de la PrEP, le traitement préventif contre l'infection par le VIH, craignent une pénurie du Truvada et de ses génériques. Nous avons donc posé la question aux professionnels.
"C'est juste moi qui n'ai pas de pot ou c'est un vrai truc ?", "Pareil, il y a deux semaines, j'ai dû faire cinq pharmacies !" Sur les réseaux sociaux, des utilisateurs de la PrEP témoignent en ce moment de difficultés à obtenir en pharmacie leur traitement préventif contre l'infection par le VIH, et craignent une pénurie du médicament. Mais s'il existe en effet une tension dans l'approvisionnement, notamment à Paris, les pharmaciens ne sont pas inquiets d'un tel risque. "On arrive toujours à obtenir rapidement des boîtes", rassure auprès de têtu· l'Ordre des pharmaciens, rappelant néanmoins qu'il "est toujours préférable de ne pas attendre le dernier moment pour demander sa PrEP".
À lire aussi : PrEP et VIH : j'ai oublié un comprimé, que faire ?
En réalité, le Truvada et sa dizaine de références en génériques n'échappent pas à une tendance générale. "Depuis trois ou quatre ans, on a des tensions d'approvisionnement sur de nombreux médicaments", explique Bruno Maleine, président du conseil central des pharmaciens titulaires d'officine au sein de l'Ordre des pharmaciens. "C'est vrai qu'il est un peu plus compliqué en ce moment d'obtenir sa PrEP, nous confirme un pharmacien breton. Mais on n'est pas en crise comme avec d'autres molécules pourtant indispensables dans certains traitements."
La PrEP victime de son succès
Plusieurs facteurs expliquent ces tensions globales, comme la situation géopolitique mondiale – la plupart des principes actifs n'étant pas produits en France – ou le coût de l'énergie qui renchérit celui des transports de marchandises. Or, face à des imprévus, "les laboratoires pharmaceutiques mettent du temps à adapter leur logistique en raison de la complexité réglementaire pour garantir la sécurité", reprend Bruno Maleine. Et la plupart des pharmacies n'ont pas énormément de stock.
Dans le cas de la PrEP, on peut s'en féliciter, il faut ajouter l'augmentation constante du nombre d'utilisateurs, qui plus est depuis que les médecins généralistes peuvent la prescrire. Pour ne pas se retrouver pris au dépourvu, les praticiens invitent donc les prépeurs à ne pas attendre le dernier comprimé pour penser à se ravitailler. "Je conseille toujours à mes patients d'anticiper le renouvellement de leurs traitements chroniques, notamment la PrEP", recommande le pharmacien breton.
Théoriquement, il faut patienter 21 jours avant de demander sa nouvelle boîte mensuelle, mais certaines pharmacies acceptent d'encore mieux anticiper. Et pour éviter un déplacement inutile, vous pouvez toujours passer un coup de fil à votre pharmacien afin de s'assurer qu'il a du stock ou, dans le cas contraire, qu'il passe commande auprès de son grossiste. "S'il y a un besoin immédiat, on peut être livré dans la journée", assure notre Breton. "Le Truvada compte onze génériques, qui sont les mêmes molécules au même dosage et peuvent donc être remplacées sans problème dans l'écrasante majorité des cas", complète Bruno Maleine. À ce stade, donc, aucun risque de pénurie !
À lire aussi : Prévention du VIH : comment fonctionne la PrEP à la demande
Crédit photo : Creative Commons, NIAID via Flickr