EuropeInterdiction de la Pride de Budapest : bras de fer entre la police et la mairie

Par têtu· avec AFP le 20/06/2025
"L'Europe soutient la Pride de Budapest"

La police hongroise a confirmé qu'elle comptait faire respecter les dernières loi homophobes pondues par le gouvernement de Viktor Orbán, qui interdisent toute manifestation LGBT dans l'espace public. Mais le maire écologiste de Budapest entend bien maintenir la marche des Fiertés prévue pour le samedi 28 juin.

La Pride 2005 de Budapest aura-t-elle lieu ? S'appuyant sur les dernières loi homophobes du gouvernement de Viktor Orbán, la police hongroise a confirmé ce jeudi 19 juin l'interdiction de la marche des Fiertés de la capitale, prévue comme à Paris pour le samedi 28 juin. Mais le maire de Budapest a répliqué en maintenant le rassemblement.

À lire aussi : Hongrie : la Pride de Budapest doit avoir lieu

Dans un document de 16 pages publié sur internet, le chef de la police fait référence à la loi adoptée mi-mars prohibant toute manifestation publique qui violerait la législation homophobe de 2021, laquelle interdit d'évoquer auprès des mineurs "l'homosexualité et le changement de sexe". Il s'appuie également sur l'amendement à la constitution voté dans la foulée, affirmant "la primauté du droit des enfants à un développement physique, mental et moral correct sur tout autre droit", y compris celui de se rassembler. Et d'arguer, avec à l'appui des photos de couples gays s'embrassant lors de précédentes marches des Fiertés : "Il ne peut être exclu que des personnes de moins de 18 ans soient exposées à des comportements interdits par la loi", par leur présence à la marche ou "de manière passive" du fait de son caractère public. Pour pouvoir se tenir, le rassemblement devrait donc, selon les forces de l'ordre, se dérouler dans un lieu fermé hors du regard des enfants, comme un stade.

"La municipalité organisera la Budapest Pride"

Pour le maire écologiste de Budapest, qui avait annoncé lundi prendre en charge l'organisation de la marche en espérant ainsi contourner la législation, cette décision "n'a aucune valeur". Il s'agit d'un "événement municipal" ne nécessitant pas d'autorisation officielle, a écrit sur Facebook Gergely Karacsony. "Le 28 juin, la municipalité organisera la Budapest Pride. Point final", persiste-t-il. Avant cette annonce, le gouvernement l'avait accusé "d'essayer de tricher". Mercredi, Gergely Gulyas, le directeur de cabinet du Premier ministre, a déclaré : "Tous les événements de ce type doivent être signalés et la police a le droit de les interdire. Aucun expert juridique sérieux n'oserait contester cela."

L'organisation Budapest Pride, en pleins préparatifs, n'a pas souhaité s'exprimer cette semaine, laissant le soin à la mairie de communiquer. Dans une interview à têtu·, sa présidente, Viktória Radványi, avait affirmé son intention de maintenir la Pride : "Qu'on soit 100 ou 35.000, on marchera évidemment le 28 juin. La Pride de Budapest est une manifestation protégée dans la Constitution par la liberté d'expression et la liberté de s'assembler." Selon la nouvelle législation, les participants s'exposent à une amende pouvant aller jusqu'à 500 euros, avec la possibilité pour la police d'identifier les contrevenants via des outils de reconnaissance faciale.

La Hongrie face à l'UE

Viktor Orbán durcit depuis plusieurs années l'homophobie d'État en Hongrie sous le prétexte de "la protection des enfants". Après l'adoption des dernières mesures, des milliers de personnes ont manifesté dans la capitale pour protester contre ce nouveau durcissement, qui inquiète également au sein de l'Union européenne (UE). Dans une déclaration conjointe publiée le 27 mai, vingt États membres de l'UE ont ainsi appelé Budapest à revenir sur ses lois homophobes, et la Commission de Bruxelles à agir dans le cas contraire. Une procédure est déjà en cours à la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), dont l'avocate générale a fustigé le 5 juin la loi LGBTphobe de 2021. Une décision de la Cour est attendue dans les mois à venir.

À gauche et au centre, quelques dizaines d'eurodéputés – dont la présidente des centristes Valérie Hayer, et la cheffe des Verts Terry Reintke – ont prévu de se joindre au cortège le 28 juin à Budapest pour dénoncer la politique de Viktor Orbán. La commissaire européenne chargée de l'égalité, Hadja Lahbib, a également annoncé qu'elle se rendra dans la capitale hongroise pour "défendre les valeurs européennes" et s'entretenir avec les autorités. Elle pourrait également être présente à la marche.

À lire aussi : Pride : "Ce serait formidable que le mot d'ordre de Paris soit solidaire avec Budapest"

Crédit photo : manifestation de soutien à la Pride de Budapest, à Berlin, le 17 mai - Christophe Gateau / DPA-Picture-Alliance via AFP

Europe | monde | Hongrie | Viktor Orbán | homophobie | LGBTphobie | Pride | Marche des fiertés | news