La Hongrie s'apprête à voter un texte interdisant la "promotion" de l'homosexualité auprès des enfants. Le projet, qui fait l'amalgame avec la pédophilie, est un copier-coller de la loi anti-gay introduite par Vladimir Poutine en Russie.
La Pride de Budapest pourra-t-elle se tenir en 2021 ? Le Fidesz, le parti d'extrême droite du président de la Hongrie Viktor Orban, a déposé ce jeudi 10 juin des amendements pour interdire la "promotion" de l'homosexualité ou de la transidentité auprès des mineurs. Le gouvernement a accéléré le vote. Pour que le texte soit approuvé avant la marche des Fiertés, prévue le 24 juillet ?
Amalgame homosexualité et pédophilie
"Cette proposition est un copier-coller de le loi 'anti-propagande homosexuelle' en Russie, pointe Remy Bonny, directeur exécutif de Forbidden Colours, ONG de défense des droits LGBTQI+ en Europe. Elle interdit de parler de sujets LGBTQI+ dans tous les endroits où les enfants peuvent se trouver. Autrement dit, partout…".
Les programmes éducatifs sur la sexualité ne seraient plus autorisés. Les publicités qui mettent en avant des couples homos, non plus. Les livres ne pourront plus mettre en avant de personnages gays ou lesbiennes, comme le conte de fée inclusif qui avait fait polémique à l'automne dernier, indique le document de 11 pages. La majorité d'Orban justifie ces amendements par la lutte contre la pédophilie. Parmi les mesures, une basse de donnée des personnes condamnées sera d'ailleurs accessible au public. Comme en Russie, l'amalgame est total.
Un texte anti-Pride ?
La vote de la loi doit intervenir la semaine prochaine. "Le texte devait initialement être débattu en septembre mais le gouvernement a accéléré", remarque encore Remy Bonny. L'activiste y voit une tentative d'interdire la prochaine Pride de Budapest. "La Russie a déjà utilisé sa loi 'anti-propagande' pour interdire une marche des Fiertés... Cela expliquerait pourquoi Viktor Orban est aussi pressé."
Il faut dire que Viktor Orban, comme son ami Vladimir Poutine, est en pleine promotion d'une "nouvelle ère" culturelle sur la base des "valeurs chrétiennes traditionnelles". Du côté de l'Union européenne, on ne moufte pas. "Les institutions européennes laissent faire car la Commission européenne s'intéresse davantage aux intérêts commerciaux qu'aux droits humains", souffle le militant.
LIRE AUSSI >> La Russie inscrit l’interdiction du mariage pour tous dans sa constitution
En six mois, c'est déjà la deuxième loi visant les personnes LGBTQI+ en Hongrie. Dans un précédent paquet législatif voté en décembre dernier, le Parlement a inscrit la notion de famille "traditionnelle" dans la Constitution, définissant le mariage comme l'union d'un homme et d'une femme. De fait, ce texte de loi interdit aussi l'adoption aux couples de même sexe. "Le gouvernement hongrois profite du chaos lié au Covid pour mettre en application des reculs jamais vus pour les droits des personnes LGBTI", signalait alors pour TÊTU Sébastien Tüller, responsable des questions LGBTI chez Amesty International. Cela se confirme…
LIRE AUSSI >> La Hongrie adopte « des reculs jamais vus pour les droits LGBTI »
Crédit photo : European Parliament