Avec son triptyque La Trilogie d'Oslo, le cinéaste norvégien Dag Johan Haugerud met en scène des personnages qui interrogent leurs désirs avant de chercher à les nommer. Une fresque queer garantie sans étiquettes dont le premier volet arrive en salles ce mercredi 2 juillet.
Trois salles, trois ambiances. C'est un projet ambitieux que propose le Norvégien Dag Johan Haugerud avec sa Trilogie d'Oslo. Alors que le premier volet, Rêves, sort ce mercredi 2 juillet au cinéma, les deux autres, Amour et Désir devraient suivre à une semaine d'intervalle, les 9 et 16 juillet. Chacun des trois films, dont les intrigues prennent place à Oslo, capitale de la Norvège, a ses propres personnages. Mais tous ont en commun d'être guidés par leur désir, d'interroger leurs identités et sexualités au point de bousculer leur équilibre de vie.
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Dans Rêves – qui a décroché l’Ours d’or à la Berlinale cette année –, une lycéenne s’éprend de sa professeure et couche sur le papier leur prétendue histoire sentimentale, tandis que sa mère et sa grand-mère s’efforcent de démêler ce qui relève de la réalité ou du fantasme. Dans Amour, c’est à l’aube d’un rendez-vous arrangé par une amie qu’une jeune médecin célibataire interroge ses aspirations romantiques. Pendant ce temps, son binôme infirmier se rapproche intimement d’un patient. Enfin, dans Désir, un ramoneur marié confie à son collègue avoir couché avec un de leurs clients dans le dos de son épouse ; le collègue en question, également en couple et hétérosexuel, avoue être tourmenté par des rêves où il se sent femme…
Exister dans la nuance
À travers cette trilogie, Dag Johan Haugerud prend le pouls d’une société contemporaine tiraillée entre le poids des traditions et l’espace croissant accordé à l’individualisme. "Je voulais explorer la notion de queer d'une façon différente, explique-t-il. Parfois, se mettre une étiquette est nécessaire. Moi, par exemple, je n'ai pas de mal à m'identifier comme gay. Mais pour d'autres, ça peut être restrictif, comme si ça enfermait dans une case. En tout cas pour moi, être un homme gay me permet de voir le monde d'une perspective singulière et je perçois ça comme un cadeau à offrir à la communauté hétérosexuelle. Je me demande souvent si mes films sont destinés aux hétéros… et je crois que c'est le cas ici."
À l'écran, le cinéaste scandinave montre des êtres humains lambdas qui entreprennent une quête identitaire allant au-delà d'étiquettes. D'ailleurs, les mots pour définir la sexualité – gay, bi, hétéro… – ne sont jamais employés par les personnages. L'exploration et la communication priment. "Je pense que le cinéma peut être un outil pour montrer aux gens non pas ce qui est, mais plutôt ce qui peut être, insiste le réalisateur. La plupart des gens aujourd'hui cherchent à se voir représentés à l'écran, et ça peut être une super, mais je pense que c'est d'autant plus intéressant quand on leur offre des possibilités en dehors de leur propre expérience."
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Crédit photo : Pyramide Distribution