Un couple d’hommes accuse le personnel de la compagnie aérienne Emirates de les avoir humiliés à cause de leur sexualité lors d'une escale à Dubaï.
« Je n’arrive pas à croire que je doive écrire et me plaindre à d’Emirates » débute Lee Charlton, un Britannique de 42 ans, dans un post Facebook adressé lundi 13 juin à la compagnie aérienne. Lui, son époux Jason et leur fils Kieran souhaitaient se rendre à Durban en Afrique du Sud, au départ de Manchester. Leur voyage comprenait une escale à Dubaï, une ville des Emirats arabes unis où l’homosexualité est illégale, et les rapports sexuels entre hommes passibles de 10 ans d’emprisonnement. Une fois que Lee, Jason et Kieran atterrissent à Dubaï, ils remarquent qu’à l’enregistrement on ne leur a pas fourni à l’avance leurs billets pour Durban. Voyageant avec la compagnie aérienne Emirates, Lee décide de s’adresser à leur comptoir, mais « c’est là que le cauchemar a commencé » explique-t-il :
J’ai tendu tous mes documents à la femme derrière le comptoir qui nous a adressé un regard interrogateur parce que nous sommes des parents gays. Elle m’a demandé si Kieran était mon frère et j’ai répondu qu’il était mon fils. Puis elle a regardé mon compagnon Jason et elle m’a posé la même question avec un air surpris. Alors elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas émettre nos billets et a appelé son manager. Il a regardé nos documents et il a dit que nous n’étions pas autorisés à voyager. Il nous a demandé d’attendre dans une pièce sans explications.
"Je n'ai jamais été aussi embarrassé"
Lee, Jason et Kieran restent alors bloqués pendant deux heures dans une salle, sans aucunes explications. Lorsque Lee - s'inquiétant de début de l'embarquement de leur vol - fini par retourner auprès de la femme qui les avait reçus, elle leur explique qu’ils doivent attendre leur autorisation pour voyager en Afrique du Sud.
Je lui ai demandé pourquoi en lui précisant que j’avais déjà vérifié tout ça avant mon départ (…). Je lui ai demandé si c’était parce que nous étions gays et elle a rigolé. Je ne me suis jamais senti aussi embarrassé. Je lui ai demandé ce qu’il y avait de drôle, et c’est là qu’elle a réalisé ce qu’elle avait fait et qu’elle est allée chercher son manager. Ils sont revenus vers nous et nous ont dit qu’on était libres de voyager.
Résultat, la famille qui avait prévu 3 heure d’escale a dû traverser l’aéroport en courant pour ne pas rater son vol pour l’Afrique du Sud. Surtout, Lee Charlton se dit « humilié » et « choqué » par cette « situation horrible et stressante » qui était « complètement due à notre sexualité », comme il le dénonce dans The Independant. Il explique d’ailleurs au journal que s’il a fait son coming-out à 16 ans, il n’a jamais été confronté à pareil comportement à l’égard de sa sexualité au cours des 26 années qui se sont écoulées depuis. Une expérience qui lui laisse un goût amer et qui le fera réfléchir à deux fois avant de se rendre à nouveau à Dubaï. « Nous avons sans nul doute été traités de manière agressive et dégradante, poursuit-il, et je ne comprends pas pourquoi Emirates, une grande entreprise internationale, n'offre pas une formation culturelle à son personnel pour surmonter ce genre de préjugés ».
Deux versions de l'histoire
Un porte-parole d’Emirates a depuis déclaré que la compagnie était « désolée d’entendre parler de la plainte de M. Charlton », expliquant que « conformément à la réglementation sud-africaine, tous ceux qui voyagent dans le pays avec un mineur de moins de 18 ans doivent prouver la paternité ou la tutelle, et que les adultes voyageant seuls avec leur enfant doivent prouver qu’ils ont le consentement de leur compagnon. (…) Nous notons que la famille Charlton a continué sur le vol Emirates EK 775 à destination de Durban, comme prévu. Nous regrettons la gêne occasionnée, cependant le respect des lois internationales concernant la protection des enfants ne sera pas compromis ».
Lee Charlton précise pourtant que la famille disposait de tous les papiers nécessaires pour le vol, à savoir le certificat de naissance et d’adoption de Kieran, ainsi que le contrat de mariage de Lee et Jason, et qu’ils n’avaient rencontré aucune difficulté à l’aéroport de Manchester. Il a porté plainte jeudi dernier contre la compagnie aérienne mais n’a pas encore obtenu de réponse.
Pour en savoir plus :
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Crédit photo couverture Lee Charlton/Facebook
