LGBTphobieUn couple gay sauvagement agressé à Lyon

Par Philippe Peyre le 28/06/2017
Agression homophobe Lyon Fête de la musique

Ils rentraient chez eux, main dans la main, après la fête de la musique à Lyon. Mais en chemin, Boris et son compagnon Alfredo sont tombés sur trois individus qui les ont violemment agressés.

“Ils avaient tellement de hargne que je pense que l’un de nous deux aurait pu rester sur le carreau”. C’est Boris qui parle. Ce jeune homme, traducteur lyonnais, a raconté à France Bleu Saint-Étienne l’épouvantable agression dont il a été victime avec son compagnon, Alfredo, dans la nuit du 21 au 22 juin, juste après la Fête de la musique.
Il est environ 2h30 du matin lorsque le couple, main dans la main, emprunte le chemin de la maison après avoir célébré la musique sur les quais de Lyon. Ils croisent en route un ami à eux et s’arrêtent. C’est à ce moment-là que leur soirée va virer au cauchemar : ils sont interpellés par une femme et deux hommes qui les insultent et leur infligent très rapidement de nombreux coups, comme l’a raconté Boris :

C’est la fille uniquement qui nous a insultés. On a d’abord rien dit puis on a fini par répondre et là, les deux gars ont commencé à nous taper. Ça a été très violent.

Les deux jeunes hommes tentent de se défendre mais ils se retrouvent au coeur d’un véritable déferlement de haine, essuyant autant d’insultes que de coups au visage et sur le corps. Alfredo reçoit des coups de bouteille en verre à la tête tandis que la jambe de Boris est frappée avec tant d’acharnement que son tibia finit par se fracturer. “La douleur a été terrible, je me suis effondré, incapable de me relever, se souvient Boris. J’ai pensé que ça pouvait très mal se finir. Ils avaient tellement de hargne que je pense que l’un de nous deux aurait pu rester sur le carreau”.

45 jours d’ITT

Boris et Alfredo ont eu la chance qu’une brigade de police intervienne alors même que les agresseurs continuaient de s’acharner sur eux. Les individus sont alors interpellés, ce qui ne les empêche pas pour autant de continuer d’insulter le couple. “Tu as mal hein sale PD ?”, assène la jeune fille.
Transporté en urgence à l’hôpital où il a été opéré dans la nuit, Boris a pu en sortir moins d’une semaine après l’agression mais avec 45 jours d’incapacité totale de travail (ITT). Les médecins ont confié au couple qu’ils n’étaient pas les seuls homosexuels à avoir été victimes d’une agression ce soir-là. Très affaibli, Boris n’a pu s’empêcher de regretter d’avoir essayé de tenir tête. Puis, il a fini par se dire qu’il a eu la bonne attitude :

La bagarre n’a duré que quelques minutes mais ça m’a semblé une éternité. Quand on voit comment ça s'est terminé on s'est dit qu'on n'aurait peut-être pas dû répondre et baisser les yeux et puis en fin de compte, je ne regrette pas, parce qu'il n'y a aucune raison que ça se passe comme ça.

 "La lutte continue"

Si les deux jeunes garçons ont décidé de témoigner, c’est avant tout pour dénoncer la persistance d’agressions homophobes comme celle dont ils ont été victimes la semaine dernière. Contacté par TÊTU, Alfredo a expliqué leur démarche :

Nous avons voulu en parler pour créer une prise de conscience sur le fait que des mesures comme la légalisation du mariage pour tous ou l’accès à la PMA pour les couples de lesbiennes, c’est très bien, mais ça ne suffit pas tant que des actes odieux comme celui-là existeront. La France est loin d’être en tête en ce qui concerne certains indicateurs de tolérance et d’ouverture, comme l’acceptation de l’homosexualité, et c’est un combat qui doit continuer et qui nous concerne tous, quelle que soit notre orientation sexuelle.

La lutte continue certes, mais la priorité pour Alfredo et Boris est de se remettre psychologiquement et physiquement de leur agression, notamment pour Boris qui va devoir se déplacer en béquilles et passer par la case rééducation. “Je ne vais pas pouvoir travailler pendant assez longtemps, donc c’est préjudiciable”, déplore-t-il. Le couple est d’ores et déjà entré en contact avec un avocat. Ils espèrent tous les deux une qualification pénale et une condamnation. “Ces choses-là ne doivent pas rester impunies”, assure Boris. Pour autant, il entend très rapidement ressortir et ne rien changer à son mode de vie :

On ne va pas arrêter de vivre non plus. Il y aura peut être une petite appréhension au début mais je compte continuer à m’amuser et vivre normalement.

 
Couverture : crédit Kevin Bodereau / Radio France
 

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