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Nos archivesOlivier Giroud, deuxième footballeur en une de têtu· dix ans avant le Mondial 2022

Par têtu· le 05/12/2022
Olivier Giroud et Kylan Mbappé

[Toutes les archives de têtu· depuis 1995 sont disponibles en ligne sur abonnement] Dix ans avant de devenir le meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France masculine au Mondial 2022 du Qatar, nous offrant au passage une séquence homoérotique d'anthologie avec Kylian Mbappé, Olivier Giroud avait été, en 2012, le deuxième footballeur à accepter de poser en une de votre magazine gay, après David Ginola l'année précédente. Nous republions aujourd'hui notre interview, où il était déjà question d'un fameux baiser avec son coéquipier…

Olivier Giroud "Entre un homo et un hétéro, je ne fais aucune différence"

Il a 25 ans, une gueule d'ange et une voix grave qui caresse l'oreille. Il possède aussi un pied gauche magique qui lui a valu d'exploser en Ligue 1 et en équipe de France cette saison. Olivier Giroud est "le" joueur que tout le monde s'arrache. L'attaquant du Montpellier Hérault Sport Club – celui de Louis Nicollin – est également le premier footballeur à faire la une de têtu·. Une révolution à laquelle le bel Olivier est très fier de participer.

Interview Myrtille Rambion
Photo Daniel Riera

Les lecteurs de têtu· sont un peu avant-gardistes : ils avaient repéré votre potentiel en vous élisant "footballeur le plus sexy de Ligue 1" bien avant vos lauriers sportifs...

Olivier Giroud : [Sourire.] Ce n'est pas faux... J'ai été élu avant mon éclosion en équipe de France et ce titre est très gratifiant. Mais je le prends avec du recul c'est amusant, c'est sympa, mais ce n'est pas non plus le nerf de la guerre, contrairement au terrain.

Vous attendiez-vous à ce que ce titre fasse est autant parler ?

Forcément, cela amuse les médias. Il y a une notion de chambrage là-dedans, pour eux comme pour mes partenaires de vestiaire. Mais... non, je ne pensais vraiment pas que cela aurait une portée nationale.

Vous parlez de "chambrage". Cela a-t-il été le cas avec vos coéquipiers ?

Ah oui, chambrage tout de suite ! Ils m'ont dit que i'allais être un peu au centre des conversations et de l'attention des lecteurs gays. Pas de quoi prendre la mouche, donc, et on a bien rigolé ensemble.

Dès le début, vous avez été très réceptif au fait de nous parler. Cela ne vous a pas posé de problème ?

Non, parce que je n'ai pas de tabou. Pour moi, têtu· est un magazine comme les autres. J'essaierai de ne pas en faire trop parce que j'estime qu'il faut qu'on me reconnaisse pour mes performances footballistiques et non pour mes apparitions dans les journaux un peu plus people, mais en tout cas, j'étudie chaque proposition. J'essaie de transmettre une image qui est la mienne et par rapport à ça, têtu·, c'est du bonus. Je trouve très bien de pouvoir faire quelque chose avec vous.

Comment ont réagi votre femme et votre famille ?

Ma femme, ça ne la dérange pas plus que ça, on ne s'est pas pris la tête. Ma mère, elle, a été surprise au début, mais elle l'a vite pris avec du recul et a fini par être amusée. Elle est fière de son rejeton ! [Sourire.]

Ensuite, il y a eu ce fameux bisou avec Mathieu Debuchy pour célébrer votre premier but en tant que Bleu...

J'étais tellement content qu'il m'ait offert mon premier but en équipe de France que j'aurais pu faire cent fois le tour du terrain ! Pourtant, à part ce bisou, je suis resté plutôt sobre dans ma joie, mais il fallait absolument que je le remercie de cette offrande. J'ai l'habitude de le faire à Montpellier, simplement là, sur une photo qui a été prise sous un certain angle, ça porte à confusion. Mais je le lui ai bien fait sur la joue ! [Sourire.]

Olivier Giroud embrasse son coéquipier Mathieu Debuchy
Olivier Giroud embrasse son coéquipier Mathieu Debuchy après son but dans le match amical face à l'Allemagne le 29 février 2012. Photo de Franck Fife / AFP

Vous êtes croyant, et vous vous êtes d'ailleurs fait tatouer un psaume de la Bible sur le bras droit. Pour vous, la religion n'est donc pas incompatible avec le fait de ne pas être opposé à l'homosexualité ?

Je ne suis pas croyant radical, non plus ! La religion est importante pour moi, c'est quelque chose que ma mère m'a inculqué étant jeune. J'ai besoin de me rattacher à certaines valeurs et c'est pour cela que j'ai tenu à inscrire ce psaume en latin sur mon bras. Pour autant, je ne suis pas complètement buté et j'estime qu'il peut y avoir une liberté de se faire sa propre opinion sur certaines questions, comme l'homosexualité, et ce n'est pas parce que je suis croyant que je suis un "catho latin"…

Fréquentez-vous des gays ?

Oui, j'ai des amis gays et je sors avec eux mais je les considère comme les autres, donc, on ne parle pas spécialement de leur homosexualité. Je ne fais aucune différence entre un homo et un hétéro.

Le président de Montpellier, Louis Nicollin, avait fait son mea culpa après l'affaire de la "tarlouze", mais il a remis ça en déclarant "je suis un pédé", pour signifier qu'il avait eu la trouille…

Bon. Je ne pense pas qu'il ait voulu blesser qui que ce soit, c'est quelqu'un de très généreux. Mais, parfois, quand on ne tourne pas sept fois sa langue dans sa bouche, on ne pense pas à la portée de ses paroles. Sur le coup, il n'a pas voulu faire offense à la communauté gay. Il n'a pas mesuré l'impact.

D'autant que ces derniers mois, le MHSC a fait partie des clubs les plus engagés dans la lutte contre l'homophobie dans le sport. Cette charte, vous en pensez quoi ?

C'est bien de récolter un maximum de signatures, mais après, il faut savoir assumer derrière et ne pas faire preuve d'homophobie, tout simplement. Il faut être cohérent dans les actes.

"Si je peux participer à changer les regards et les mentalités, j'en serai ravi."

Un footballeur de premier plan comme vous à la une de têtu· [voir les photos du shooting dans le magazine archivé], ce n'était pas gagné d'avance…

Je ne sais pas quelle portée cela aura, mais si à travers ça je peux participer à changer les regards et les mentalités, j'en serai ravi.

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La une de têtu· en juin 2012

Cela vous flatte-t-il que l'on vous qualifie parfois de "Beckham français"?

Oui, c'est plutôt flatteur. David Beckham a profité de sa notoriété et de ses performances footballistiques pour s'ouvrir d'autres horizons, travailler son image et attirer des annonceurs. C'est quelque chose qui m'intéresse et m'amuse assez. Je le fais quand j'ai du temps libre, bien sûr. Et puis... on va y aller doucement quand même.

Mais, comme lui, la mode est-elle quelque chose qui vous plaît ?

Tout à fait. J'aime bien Marc Jacobs, Paul Smith, Paul & Joe et ce que font les Italiens comme Einstein. J'aime les belles choses, classe, qui sortent de l'idée que l'on peut se faire du footballeur bling-bling.

Y a-t-il des figures masculines qui vous inspirent côté style ?

Brad Pitt. Il a vraiment la classe et c'est un homme, un vrai. Beckham a également de très bons goûts. Je ne dirais pas que je m'inspire de quelqu'un, mais j'aime le rétro. Je porte, par exemple, pas mal de tee-shirts graphiques en hommage à des têtes connues comme Marlon Brando, Steve McQueen ou Paul Newman.

Les sportifs qui passent pour la première fois derrière l'objectif ne sont pas forcement très à l'aise. Or vous, vous avez d'emblée été super pro...

Je suis plutôt à l'aise quand il y a des photos, parce que ma mère a toujours eu tendance à immortaliser les étapes de ma vie. Donc... merci maman ! Après, c'est peut-être ma personnalité... Il faut sans doute un peu de confiance en soi.

Vous n'avez pas de problème avec la nudité ?

Avec la nudité complète, si. En revanche, en maillot de bain, il n'y a pas de souci.

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Crédit photo : Foto Olimpik / NurPhoto via AFP